Les fleurs et les vagues (1964) - 花と怒濤 / 91 min
Réalisateur : Seijun Suzuki - 鈴木 清順.
Acteurs principaux : Akira Kobayashi - 小林 旭 ; Tamio Kawachi - 川地 民夫 ; Chieko Matsubara - 松原智恵子.
Mots-clefs : Japon - Yakuza - Costumes.


Le pitch :
Un yakuza épris de la fiancée de son boss kidnappe la promise à quelques jours de son mariage. À Tokyo, le jeune homme devient ouvrier, tandis que la jeune femme est engagée comme serveuse dans un bar. Très vite, un assassin mystérieux, la police et un gang rival font peser une lourde menace sur les amants en fuite...


Premières impressions :
Il y a des réalisateurs, peu importe le film qu'ils vous proposent, vous vous ennuyez. Ce n'est pas le même pour chacun, mais tout le monde a le sien. Pour moi, c'est Seijun Suzuki. Devant ses œuvres, il ne me faut pas plus de 20 minutes pour commencer à piquer du nez. Pourtant, Suzuki n'est pas tout à fait le chantre des films longs et contemplatifs, c'est même plutôt l'inverse puisqu'il s'agit d'un réalisateur japonais qui s'est fait connaître dans les années 60 en tournant des films pulp pour la Nikkatsu. Les studios d'alors avaient leurs propres salles de cinéma qu'il fallait alimenter en fournissant au moins deux nouveaux films par semaine et Suzuki était un de ces tâcherons qui s'était spécialisé dans le film de gangster (même si, en bon Yes Man de studio, il tournera un peu de tout, du film sportif à la romance mièvre). Peu à peu la patte du réalisateur s'affirme et c'est un professionnel aguerri qui tourne "Les fleurs et les vagues" dont nous parlerons ici. Hélas, le Ningyu Eiga, le film de yakuza en costume, m'a lui aussi fait roupiller.


Il faut dire que l'histoire commence de façon bordélique : une scène filmée de loin semble nous dévoiler la fuite d'une jeune femme de son cortège nuptial, puis le film nous balance au milieu d'ouvriers, comme ça. La jeune femme ? On l'a déjà oublié. Rapidement, on comprend que deux clans rivaux... d'ouvriers... (qui reprennent tout des codes yakuzas) se tirent la bourre pour obtenir un chantier mais que les petites mains ne sont pas très contentes de la façon dont on les traite (Pas contents ! Pas contents !). On a là, une première intrigue ennuyeuse à mourir, qui dépeint à peine le quotidien des ouvriers en question, et dont je me suis cogné tout le film puisque je n'arrivais pas à comprendre qui roulait pour qui dans l'histoire. J'ai même pensé pendant une bonne heure qu'il s'agissait de clans de yakuzas. Bref, cette intrigue sert essentiellement de décors aux deux premiers tiers du film dont la narration éparpillée façon puzzle.


Entre-temps, un type habillé en Zorro (ou en héros gentleman dans sailormoon, selon le goût de chacun), butte un mec, et se balade de plans en plans sans qu'on ne comprenne ni qui il est, ni pourquoi il se balade avec une cape rouge et un chapeau quand tout le monde est en tenue traditionnelle de l'époque Meiji. Il croise régulièrement le héros que l'on va l'appeler Bob-San, parce que je n'ai pas retenu son prénom. Bob-san est ouvrier et il est chafouin. Il n'aime pas que son chef se sucre sur sa solde, il ne veut pas se battre pour son clan parce que sa vie elle est précieuse, et il n’aime pas bien que Zorro zigouille des mecs. Là aussi, pendant une bonne heure, je n’ai pas eu grand-chose à carrer de Bob-san, sauf quand il fricotte avec la geisha d'à côté et qui en pince pour lui. Le truc, c'est que Bob-san, il est amoureux d'une autre, que celle-là est serveuse, et qu'en fait, ils se sont enfuis ensemble (rapport à la première scène qu’on avait oublié)... Enfin. Après une heure d'exposition, le film décolle un poil et arrête de déstructurer sa narration. La dernière demi-heure ne sera pas incroyable, mais au moins les personnages féminins et une fuite amoureuse apportent leurs lots d'émotions.


Côté réalisation, on est sur du classique. Suzuki a rangé son pulp au placard mais ses plans sont plutôt propres. Les scènes de nuit tirent sur le rouge et les ombres sont trop marquées sur les visages, mais à part ça, il n'y a pas grand chose à dire. Côté jeu, on est là aussi sur du classique de film de yakuza et seules les actrices m'ont vaguement sorti de mon lent coma.


Pour conclure, le cinéma de Seijun Suzuki n'est toujours pas ma tasse de thé. Si je suis heureux d'avoir pu tomber dessus à la bibliothèque près de chez moi (le film est quasi introuvable à l'achat), la narration déstructurée et le manque de profondeur des personnages m'ont largement fait décrocher. D'ailleurs, si je ne devais retenir qu'une seule chose, c'est l'interview de l'acteur Joe Shishido (qui ne joue pourtant pas dans le film), présente en bonus, qui nous décrit avec humour la façon de travailler de Suzuki qui se baladait toujours avec une serviette crade accrochée à son pantalon. Rien que pour les anecdotes de tournage, je vous conseille de mettre la main sur la galette.

GwenaelGermain
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Créée

le 17 avr. 2022

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