Débuter un film par un adorable "Hey psitt, je t'aime !" est le meilleur moyen de nous immerger dans toute sa légèreté, le sourire aux lèvres. S'il est effectivement question d'amour, il se matérialise au travers d'une touchante relation d'amitié fusionnelle entre deux adolescentes de 15 ans. Séparées par la distance, mais rapprochées par le coeur, le parallèle entre leur quotidien nous permet d'observer la manière dont chacune sert d'échappatoire pour l'autre.
Le film décolle lorsqu'il capture leurs personnalités au travers d'une somme de moment de simplicités. Seuls ou en famille. À pied ou en solex. Sous la couette ou dans un magasin. La réalisation est assez quelconque, mais comporte tout de même quelques fulgurances qui nous rapprochent bien de ses sujets. À l'image d'une course folle pour atteindre le haut d'un phare suite à des retrouvailles inespérées. Je regrette par contre que le glissement de ton s'opère de manière assez maladroite. Le drame à parfaitement sa place dans ce tableau vivant, mais de ce fait, la magie originelle s'estompe et ce rythme en dent-de-scie réduit toute portée de sa construction original.
Bien qu'elle soit presque fantasque, j'aime beaucoup cette fin qui marque toute la rupture entre les deux adolescentes. Est-il possible de rattraper un TGV en pleine course pour se remettre au diapason avec le pilier central de sa courte existence ? Oui et non. En tout cas, "Les filles ne savent pas nager" souligne bien la condition cyclique des relations qui jonchent notre vie. Ce "Toi et moi, on est pareil" du début qui prend évidemment une tonalité dissonante dans sa conclusion.
Pour son tout premier long métrage, Anne-Sophie Birot signe ici une histoire souffrant d'un certain enlisement narratif, mais parvient tout de même à mettre en lumière des instants de vie adolescente dégoulinants de fraîcheur et de justesse. Je voulais dégainer mon habituel "Cinéaste à suivre !", mais je constate qu'elle semble n'être plus en activité. Dommage...