What the hell?

"Les Fantômes d'Ismaël"... je ne sais pas ce qui s'est passé avec ce film. Mais alors vraiment pas. C'est carrément l'incompréhension totale. Quand je suis sorti de la salle j'avais en tête des milliers de points d'interrogation dans ma tête. Que s'était-il passé dans la tête du réalisateur? Que s'était-il passé entre la bande annonce et le film?

Pourtant, personnellement, j'avais tout d'abord été très enthousiasmé par la bande annonce. Marion Cotillard étant l'une de mes actrices françaises préférées, j'étais donc encore plus tenté par le projet. L'intrigue exposée me plaisait bien, je trouvais l'idée que l'ancienne compagne d'Ismaël refasse surface vingt ans après s'être évaporée était un synopsis original et ça m'avait donné envie de voir le film. J'avais franchement envie d'y croire.
Puis, les premières critiques de la presse suite au Festival de Cannes sont tombées : la grande majorité considéraient le film comme très bon. Mon attente était renforcée et confirmée : ce film qui allait parler de vengeance, d'amour, de trahison et de drame serait forcément excellent.
Vint par la suite les critiques spectateurs... ou plutôt devrais-je dire... vint l'hécatombe. Entre "pur navet" et "horreur absolue", les adjectifs péjoratifs fusaient dans tous les sens pour le décrire. Ce qui m'avait convaincu dans la bande annonce, le trio amoureux, l'intrigue, la musique... tout ça... était-ce possible que tout cela soit mauvais? Je n'en étais pas certain... C'est alors que je me suis rendu au cinéma et que je suis ressorti deux heures plus tard... alors qu'en est-il réellement?

Ce qu'il en est? Vous voulez savoir? C'est que ce film est une tromperie. Par rapport à ce qui est exposé dans la bande annonce je veux dire. La bande annonce, en gros, elle vend l'histoire de Ismaël (interprété par Mathieu Amalric) qui rencontre Sylvia (Charlotte Gainsbourg) dans un restaurant, puis ils entament une relation quelques temps après. Ils vivent quelques semaines heureuses ensemble jusqu'à ce que Carlotta Bloom (Marion Cotillard), l'ancien amour perdu d'Ismaël qui s'est volatilisée vingt ans auparavant pour une raison qui nous est inconnue au départ, vienne bousculer la nouvelle vie de l'écrivain. Ça me branchait comme idée, surtout que Marion Cotillard est une actrice avec énormément de talent.

Au final, sur deux heures de film, on se tape même pas quarante-cinq minutes de présence des deux actrices principales féminines. L'intrigue exposée dans la bande annonce n'est même pas la principale. À la place, on se tape une histoire totalement annexe dont on se fiche mais alors complètement.
Dans le film, Ismaël est scénariste et il écrit un nouveau scénario pour son prochain film. On suit pendant pratiquement toute la durée du long-métrage l'intrigue du scénario qu'il est en train d'écrire... mais franchement qu'est-ce qu'on s'en fiche bordel, on s'en branle Desplechein de ton histoire annexe là. Qu'est-ce que tu nous fais là? On s'en fout du scénario de ton personnage principal. On veut voir Cotillard foutre la merde et bousculer la vie de Amalric.
Du coup on se tape cette histoire pendant presque la totalité du film et l'intrigue, que je pensais principale, est toujours mise de côté au profit justement des personnages du scénario de Ismaël. Et quand on s'en occupe un tant soit peu, c'est hyper mal exploité et géré n'importe comment comme, par exemple, l'annonce du retour de Carlotta à son père. Du peu qu'on s'occupe de cette intrigue, ils tournent autour du pot pendant vingt minutes à hésiter à lui dire. Pour au final balancer ça à cinq minutes de la fin en mode vite fait bien fait.
Mais comment Arnaud Desplechein a-t-il pu rendre son film aussi peu intéressant? Pourquoi a-t-il fait ce choix? Pourtant il y en avait des choses à faire avec cette histoire et avec ces excellentes trois têtes d'affiche. Ce potentiel gâché... j'en reviens toujours pas.

Je n'ai pas réussi un seul instant à me faire à cette idée de regarder une autre histoire par rapport à ce qui était vendu dans la bande annonce et même en y mettant du mien pour essayer ne serait-ce que d'accrocher un peu à cette histoire annexe... je n'y arrivais pas. Tout simplement car cette nouvelle intrigue est juste inintéressante au possible et les deux acteurs principaux dans celle-ci sont têtes à claques. Louis Garrel (dans son rôle de Ivan Dedalus) et Alba Rohrwacher (Arielle / Faunia) sont tous les deux très mauvais et ils n'apportent rien au film. Toutes leurs scènes sont inutiles et limite gênantes.

En prenant du recul, je me dis que le film n'est pas aussi nul que ça. C'est vrai car même s'il ne m'a pas plu, ce que j'avais aimé dans la bande annonce était là et c'est bien là ma seule consolation. Et puis l'intrigue entre le duo amoureux et la personne indésirable est un minimum présente... Il faut bien avouer également que Mathieu Amalric est plutôt bon en Ismaël torturé entre son nouvel amour et son ancienne femme qu'il n'a jamais oublié, que Charlotte Gainsbourg qui est de plus en plus jalouse au fil du film offre une bonne performance et que Marion Cotillard est toujours aussi exceptionnelle, rien à redire de ce côté-ci. Les paysages et les décors sont beaux, la bande originale est tout juste correcte... par contre la réalisation est très peu inspirée...

Rien de plus à dire, le film n'a que pour bons points ses trois acteurs principaux qui essayent tant bien que mal à essayer de jouer avec leurs rôles bâclés par le scénario, scénario qui est complètement à l'ouest et qui passe à côté de son sujet. On peut me dire que le réalisateur voulait que l'intrigue que je considère comme annexe soit la principale. Mais à la limite c'est encore pire car elle est extrêmement mauvaise et malheureusement celle avec le triangle amoureux est mal exploitée, la problématique est résolue en deux temps trois mouvements histoire de boucler le film à la fin...
Une de mes plus grosses déceptions de cette année... il y avait tellement moyen à faire... je ne sais donc toujours pas ce qui s'est passé.

3/10