Une belle découverte que ce film et cette réalisatrice, Rebecca Zlotowski.

Soyons clairs ! Je voulais voir ce film à cause de Virginie Efira … Actrice qui m'a tapé dans l'œil, il n'y a pas si longtemps et qui m'a impressionné, je l'avoue, par sa présence incontestable sur scène et son jeu toujours en délicatesse. Bon, le sujet m'inquiétait bien un peu avec cette histoire de femme qui vit en couple avec un homme qui a un enfant d'une autre femme (avec laquelle il est marié). Echaudé par d'autres films, je voyais trop bien la coupure et surtout, la leçon à venir sur les difficultés des familles reconstituées, les relations enfant/belle-mère, la place de la belle-mère dans un univers pré-existant, etc …

Eh bien non, contre toute attente, Rebecca Zlotowski ne cherche ni ne tire aucune théorie, aucun plan sur la comète féministo-féministe ou je ne sais quoi. Elle ne nous fait pas une étude psycho-socio-professionnelle. Non, elle ne fait que nous conter une histoire particulière, nous faire le portrait (unique) d'une femme particulière. Et c'est tellement plus beau !

J'ose même dire que Rebecca Zlotowski nous a fait un film dans la grande tradition des mélodrames hollywoodiens de Sirk … Et, de ma part, ce n'est pas du tout un blâme …

Rachel (V. Efira) est une femme dans sa quarantaine qui s'est toujours beaucoup investie dans son métier d'enseignante d'adolescents en difficulté. Elle tombe sous le charme d'Ali (Roschdy Zem) et s'attache à sa fille de 5 ans.

Dans la première partie, Rachel est sur une pente où tout lui sourit : au boulot où elle parvient à faire valoir son point de vue pour défendre un élève, dans sa vie privée où tout semble fonctionner au point d'envisager une maternité. Même si elle sait que l'horloge biologique ne lui laisse plus beaucoup de temps.

Le jeu de Virginie Efira montre la femme heureuse à travers son regard confiant, ses petits rires, la femme en cours d'accomplissement.

Une vieille dame dans le train lui dit gentiment, en parlant de sa belle-fille, "comme elle vous ressemble" : on pressent dans le regard silencieux de Virginie à la fois le compliment et le coup de griffe du destin à son cœur.

Dans la deuxième partie, des fêlures apparaissent que Rachel perçoit avec inquiétude et en silence. Rachel comprend qu'en matière d'enfants, elle ne pourra qu'être spectatrice que ce soit avec la fille de son compagnon, l'enfant de sa sœur ou les élèves.

Spoiler : elle s'accomplira, certainement. Mais avec les enfants des autres. J'adore la dernière scène que nous accorde Rebecca Zlotowski qui est une belle victoire sur le destin qui n'a pas voulu satisfaire le désir de Rachel. C'est un autre sentiment – maternel – d'avoir gagné.

Le jeu de Virginie Efira est d'une grande justesse et surtout d'une grande retenue ; "les grandes douleurs sont muettes" dit-on et là, tout se passe dans le regard et le comportement. Peu de mots et souvent des mots à double-sens pour, à la fois, masquer son désarroi et ne pas entraver le bonheur des autres. Quand je vous dis qu'on n'est pas loin de Sirk …

Le jeu de Roschdy Zem est aussi intéressant. Même s'il n'a pas un champ d'action très étendu dans le film, son rôle est essentiel pour montrer la difficulté de l'intégration du personnage de Virginie Efira dans la famille.

Finalement, le seul reproche que je ferais au film ce sont les scènes de sexe ou de nudité qui, à mon sens, ne s'imposaient pas. Comme je dis toujours, la suggestion est tellement plus efficace. Evidemment, cela demande plus de travail d'imagination de la part du cinéaste. À moins que ce soit des figures imposées par la production ou par le public.

À part ce (très) léger bémol, "les enfants des autres" est un très beau film avec une Virginie Efira toute en sensibilité. Une belle démonstration des diverses façons d'exercer l'instinct maternel.

JeanG55
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le 11 sept. 2023

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JeanG55

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