Nous sommes ici confrontés à une oeuvre de l'un des plus grands cinéastes de l'Histoire du cinéma allemand : Rainer Werner Fassbinder. Il est à ranger aux côtés d'autres réalisateurs importants de cette nationalité, comme Win Wenders ou encore Werner Herzog (qui restera mon cinéaste allemand préféré), à l'époque qui suit la Deuxième Guerre Mondiale. Fassbinder a gagné son immense popularité grâce à son style propre qu'il a pu développer notamment durant la période de la guerre froide où il était en République Fédéral d'Allemagne, la RFA. Connu pour des films comme Tous les autres s'appellent Ali en 1974, il a su marquer durablement le milieu du cinéma en exploitant de nouveaux concepts qui lui sont propres. Ces derniers symboliseront parfaitement non seulement son cinéma inspiré de la comédie humaine de Balzac mais également la situation particulière de l'Allemagne d'après-guerre. Nous allons ici nous pencher plus précisément sur l'un de ses long-métrages intitulé Les Dieux de la peste, sorti en 1970. Il s'agit d'une œuvre reflétant bien le cinéma de Fassbinder bien qu'il s'agisse mon sens de l'une de ses moins bonnes (un réalisateur reconnu ne fait pas toujours des chef d'oeuvres). Je souligne également le fait que ce film est la suite de son premier long-métrage : L'amour est plus froid que la mort.


Nous sommes confrontés ici au personnage de Franz Walsch, interprété par Harry Baer, qui est un sujet typique du monde de Fassbinder. Il s'agit en effet d'un être qui se retrouve, par la force des choses, mis à l'écart de la société. Franz sort de prison en début de film, ce qui exprime directement qu'il n'est pas raccords avec les normes habituelles. Il sort d'une période d'enferment physique pour rentrer dans un enfermement psychologique. Il ne peut agir face à une société qu'il ne comprend pas et qui ne le comprend pas. Il se retrouvera confronté à d'autres caractères faisant figures d'altérités. Rainer Werner Fassbinder matérialise ces dernières dans son cinéma à travers des personnages de prostituées, de gangsters, de marginaux ou d'homosexuels. L'homosexualité est d'ailleurs un élément qu'il va bien souvent mettre en avant dans sa filmographie. Franz est donc exclu de la société en fréquentant des êtres humains également en rejet de celle-ci. Il est guidé par une quête d'identité et de compréhension de comment agir avec son univers. Fassbinder veut ici faire une critique du système mis en place à partir de ses personnages. Il va s'en prendre à toutes les idéologies. C'est un réel parti pris de sa part de prendre la défense des exclus, ceux qui, justement, ne se retrouvent dans aucune idéologie. Malgré la concentration du réalisateur en RFA, nous explorons dans ce long-métrage toutes les facettes de la société allemande d'époque en se basant sur les citoyens marginaux ou en désaccord avec le système.


Ensuite, l'univers de Rainer Werner Fassbinder va proposer un cinéma dit d'immobilité, s'opposant par la même occasion à la notion d'errance présente dans les films modernistes. Les personnages sont enfermés à l'image, ils peuvent à peine bouger. Le spectateur de cinéma va d'ailleurs ressentir une oppression devant Les Dieux de la peste car les différents caractères du long-métrage vivent à travers des espaces assez réduis. Le cinéaste va souvent décider de filmer à travers des portes ou espaces exprimant l'enfermement social et un certain conflit entre les opprimés et les oppresseurs. En effet Fassbinder ne décrit pas que les exclus de la société dans ses œuvres, il s'attarde également sur les oppresseurs et le pouvoir que l'argent peut exercer sur notre monde. Il va pousser toujours plus loin l'aspect critique de son cinéma en mettant le plus en avant possible les différentes pressions sociales qui ont touchés la société allemande de l'époque.


Ma note peut sembler assassine mais elle symbolise simplement pour moi le fait qu'il s'agisse d'une oeuvre finalement peu intéressante du cinéaste comparée à d'autres. Fassbinder expérimente encore son art et se cherche. Le film comporte des angles d'analyses et symbolise malgré tout le cinéma du réalisateur.
Nous synthétiserons ce présent texte en exposant encore une fois que le réalisateur Rainer Werner Fassbinder est l'un des plus grands représentants du cinéma allemand durant la guerre froide mais également du cinéma en général. Il a su appliquer ses propres notions et codes tout en proposant une véritable dimension critique de la société à travers les différentes personnes qui la composent, qu'ils fassent parties des oppresseurs comme des opprimés.

Créée

le 19 avr. 2020

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