Le nom de Christophe Ruggia me disait quelque chose, jusqu'à ce que je me souvienne que j'avais rencontré ce réalisateur lorsqu'il était venu présenter Le Gone du chaâba lors d'une séance de cinéma organisée par mon lycée, film dont je n'ai aucun souvenir.
Il a réalisé ensuite Les diables, en 2001, et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est du brutal, comme dirait un Tonton.


Un frère et une soeur, abandonnés à leur naissance, vont de maison de maison, et fuguent sans arrêt, faisant des conneries comme brûler des maisons, effectuer des vols, blesser des gens, autant dire qu'ils ne sont pas des cadeaux. La soeur ne parle pas, je ne sais pas si on peut parler d'autisme (elle en a des symptômes), fait ce qu'il lui chante, y compris des choses réprouvées par la morale, et dessine souvent une maison jaune aux volets bleus. Le frère va se mettre en tête de trouver cette habitation car il croit qu'ainsi, elle va pouvoir guérir.


Comme je le disais, le film est assez violent, éprouvant même, difficile d'accès, il a écopé une première fois d'une interdiction aux moins de 16 ans en salles, c'est dire. Car non seulement, le climat montré y est dur, les deux enfants agissant comme des animaux sauvages mais il y a aussi leurs corps nus alors qu'ils n'ont qu'une dizaine d'années. Ce qui me parait incroyable dans le cinéma français des années 2000, où Adèle Haenel, apparait dans le plus simple appareil ou dévoile à plusieurs reprises sa poitrine, y compris Vincent Rottiers. Car, tabou suprême, le film va même flirter à un moment donné avec l'inceste.
Mais les deux acteurs, dont c'est leur première apparition à l'écran, sont très impressionnants ; on sent déjà chez Vincent Rottiers cette sensibilité à fleur de peau, qui peut exploser à tout moment, pour sauver avant tout sa soeur, dont la relation est fusionnelle. Quant à Adèle Haenel, la nature de son personnage fait qu'elle est comme un électron libre dans le film, à rire sans arrêt, qui ne se rend pas compte de l'érotisation que son corps pourrait exercer chez des garçons, voire des hommes, comme cette scène sidérante où elle se met à danser de manière sensuelle devant une prison où les occupants lui hurlent de se mettre nue à travers leurs barreaux.


Il y de quoi ne pas ressortir indemne d'un film comme Les diables où ces deux enfants peuvent être exaspérants, agissant toujours comme s'ils étaient en danger, surtout le garçon d'ailleurs. Heureusement que les dernières minutes, où intervient Frédéric Pierrot, apportent un peu de respiration, voire un espoir possible, car son côté âpre fait que je ne verrais pas ce film tout les jours. En tout cas, rien qu'avec ce premier essai, on pouvait devenir que les deux acteurs avaient un grand talent, et l'avenir leur donnera raison.

Boubakar
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le 21 nov. 2019

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