Ha ces mythes du bon et du mauvais sauvage ; ça aura fait couler beaucoup d'encre. Les deux théories paraissent drôles aujourd'hui, surtout par le manque de nuances. Et ce film aussi fait un peu sourire. Parce que les Eskimo sont dépeints comme des idiots bien heureux, des innocents de la vie. Un peu comme si vous preniez le personnage interprêté par Sean Penn dans "I am Sam", que vous le cloniez quelques fois et les réunissiez tous dans le grand nord...

Ce qui est passionnant dans la mise en scène, c'est le tournage en décor réel. Cela donne lieu à de très beaux plans et ajoute une touche de réalisme non négligeable (surtout que le film commence avec l'exécution réelle d'un ours polaire). Niveau acteurs, c'est un choix que l'on pourrait qualifier de raciste, puisqu'on demande à Quinn (la Quasimodo) de brimer en Eskimo et de faire comme si... J'imagine bien que l'intention était purement financière, car la présence d'une telle vedette présente tout au long du flim vend bien plus que celle d'un vrai Eskimo que personne ne connaît...

Ensuite, il y a tout l'aspect documentaire. Apparemment, l'auteur a basé toute son intrigue sur un autre film, "Eskimo" de W.S. Van Dyke ; en effet Hans Ruesch n'a même jamais vu un Eskimo de toute sa vie. J'imagine qu'il a tout de même potassé quelques livres car c'est très généreux en anecdotes sociologiques, en rituels, etc. Tout n'y est pas, mais presque.

Là où l'on commence vraiment à tiquer, c'est au niveau de la narration. Pendant 1h10, il n'y a pas vraiment d'enjeux : on découvre juste la vie des Eskimo, depuis le célibat jusqu'à la vie de couple. Après cela, ça devient intéressant. En fait, l'histoire aurait dû commencer là en prenant pour point de vue celui du blanc, afin de mieux amener la découverte de cette culture (autrement que par une voix off qui disparaît sans crier gare) ; Elliot Silverstein le fera d'ailleurs 10 ans plus tard avec son "A man called Horse".

La dernière demi-heure est donc la plus prenante, car des enjeux importants se révèlent, les personnages sont confrontés à leurs propres convictions et le dénouement est assez touchant (même si déjà vu et revu aujourd'hui en 2015).

Bref, un film d'aventure plaisant, mais qui manque un peu de punch à cause d'une absence d'objectif principal et d'enjeux durant la première heure du film (en fait, il y a des enjeux, mais ils ne sont pas magnifiés car il ne s'agit que de la routine pour un couple d'Eskimo) ; les décors naturels, le cabotinage de Quinn et la dernière demi-heure sauvent les pots, fort heureusement.
Fatpooper
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le 8 janv. 2015

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