Les dents de la mer - L'envers du décor

Synopsis : Tous se souviennent de Jaws, cet effrayant et populaire suspense réalisé par Steven Spielberg en 1975. Mais peu savent que le tournage de ce film classé parmi les meilleurs et les plus rentables de tous les temps fut un véritable cauchemar pour ses artisans. Ce documentaire nous fait rencontrer Steven Spielberg ainsi que les scénaristes, les techniciens, les comédiens et tous ceux qui ont fait de Jaws le succès qu'on connaît. Chacun témoigne de l'expérience qu'il a vécue pendant le tournage qui, à l'origine, devait durer une soixantaine de jours et coûter 4 millions de dollars. Cela aura pourtant pris 157 jours et un budget de 14 millions afin de terminer cette œuvre dont on avait fini par penser qu'elle ne verrait jamais le jour. Petits problèmes techniques Spielberg décide de tourner sur l'océan afin de conférer à son œuvre un réalisme absolu. L'effet est grandiose mais, techniquement, c'est l'enfer: les vagues varient, les bateaux tournent et les caméras sont instables. Le temps que l'équipe remette tout en ordre, le soleil s'est déplacé, bousillant la prise. Et ça, c'est quand le soleil daigne se pointer... Le requin mécanique de sept mètres, baptisé Bruce, fait également des siennes. Abîmé par l'eau salée, il se brise chaque jour, ce qui force l'équipe à attendre qu'il soit réparé pour reprendre le travail. Au final, le requin n'a jamais fonctionné: Spielberg a plutôt développé une façon de suggérer sa présence, ce qui deviendra un des éléments les plus effrayants du film. Une tension palpable Le scénario n'étant pas terminé, Spielberg doit s'enfermer chaque soir avec Carl Gottlieb pour écrire la suite. Le réalisateur rédige donc la nuit et tourne le lendemain, sous la pression des studios, qui le menacent chaque jour de le renvoyer. L'équipe vit dans la peur de voir son projet annulé et travaille sous tension. Cette charge émotionnelle s'ajoute à l'impatience née des longues journées d'attente, et l'équipe est de plus en plus nerveuse. Les disputes éclatent, et les deux têtes d'affiche, Richard Dreyfuss et Robert Shaw, entretiennent une discorde qui enfle au fil des jours. Shaw se défoule dans l'alcool, ce qui lui vaut de s'humilier pendant la première prise de son monologue duUSS Indianapolis. Irrité, Dreyfuss annonce à la télé que Jaws sera un désastre. L'atmosphère est si tendue que, lorsque le 157e et dernier jour de tournage arrive, Spielberg, anxieux à l'idée d'être étripé par son équipe, décide de quitter définitivement le plateau et de laisser tourner la dernière scène sans lui. Cette impulsion deviendra d'ailleurs une tradition pour le célèbre cinéaste. Happy end malgré tout Malgré un tournage houleux, Jaws reste au top du box-office pendant près d'un an, devenant l'archétype même du blockbuster. Les profits monstres qu'il génère permettent à Spielberg, qui avait été rayé des carnets des producteurs, de revenir dans leurs bonnes grâces. Le film aura marqué profondément une génération entière de cinéphiles qui, on se demande bien pourquoi, ne mettent désormais plus un pied dans l'eau!