Dans une prison dirigée par un gardien sadique qui prend un malin plaisir à torturer les détenus, Joe Collins rêve de s'échapper, tout comme d'autres de ses compagnons, et est prêt à tout pour parvenir à ses fins.


Film noir se déroulant dans l'univers carcéral, Brute Force nous fait suivre un groupe de détenues mené par Joe, rêvant, chacun pour diverses raisons, de s'enfuir de cet enfer symbolisé par ce gardien utilisant la répression, la recherche des mouchards et la force pour éviter toute révolte. Alors, si c'est légèrement dommage que le scénario soit teinté d'un certain manichéisme (les gentils prisonniers contre les méchants gardiens), il ne tombe pas non plus dans la lourdeur démonstrative et surtout ça n'enlève rien à la puissance du film, la qualité d'écriture ainsi qu'au constat social (d'ailleurs tant Jules Dassin que le scénariste Richard Brooks étaient des cinéastes de gauches) et à la dénonciation de l'injustice du système et ce, sans concession.


La première réussite, c'est de nous attacher aux détenues et plus particulièrement à Joe, que ce soit grâce à leur description, aux regards que Dassin porte sur eux ou à leur intention, le pourquoi ils sont là et pourquoi ils veulent en sortir. C'est à travers eux qu'il arrive à nous faire passer par tout un panel d'émotion et, l'impression de voir des bons bougres enfermés dans un système injuste donne envie de les voir réussir et de s'extirper de cet enfer. Le film monte crescendo en puissante et ne manque aucunement de tension pour atteindre son paroxysme dans un final particulièrement réussi.


Derrière la caméra, Dassin montre tout son talent, exploitant de belles manières l'univers carcéral et surtout, il met en place une atmosphère oppressante puis sombre avec un vent de liberté, et ce à n'importe quel prix, planant tout le long sur le récit. Plusieurs séquences sont particulièrement mémorables et des modèles du genre, en particulier celles mettant en avant les tensions sociales au sein de la prison. Il utilise bien les divers éléments qu'il a à sa disposition, que ce soit la bande-originale, la belle photographie en noir et blanc et bien évidemment les acteurs qu'il dirige à merveille.Le jeune Burt Lancaster est incroyable, fait ressortir tout l'humanisme de son personnage et arrive à merveille à nous faire passer par tout un éventail d'émotions, tandis que Hume Cronyn est impeccable en salaud de première.


Jules Dassin démontre tout son talent en exploitant à merveille l'univers carcéral pour en dénoncer l'injustice à travers des personnages attachants, une grande qualité d'écriture et de mise en scène ainsi qu'une oeuvre qui monte crescendo en tension et puissance pour mieux nous faire passer par tout un panel d'émotion.

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le 13 juil. 2015

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Docteur_Jivago

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