J'ai trouvé le film un rien inégal. Il est des passages vraiment impressionnants. Je pense au début. Je pense à la fin. En contre partie, il y a des moments plutôt plats, où Losey s'efface trop par rapport à l'histoire. C'est ce qui me dérange. la différence entre les moments où Losey veut en foutre plein la vue, et les autres où il veut juste raconter son histoire de gangster. En fait, j'aime bien les deux options, à savoir s'effacer, ou au contraire en foutre plein la vue (à condition d'être pertinent) mais le fait de les réunir dans un seul film, ça m'a un peu bloqué. Ca donne un rythme inégal, tout simplement.

Il est amusant de constater qu'il y a plein de plans que Losey emploie et qui sont employés aujourd'hui dans bon nombre de films voire même de téléfilm. Je pense à ce plan grue de fin qu'on qualifierait facilement de cliché. J'aime bien ces plans quand c'est bien exécuté. Heureusement, Losey n'est pas juste un pionnier, il est également un réalisateur intelligent, et aussi cliché que cela puisse paraître ce plan de fin est une merveille par la façon dont il est amené, par la façon dont il est composé. Je suis désolé de ne pas être plus explicite, mais le plan donne un sens à la fin et je ne voudrais pas vous la spoiler.

Le scénario comporte quelques facilités évidentes (la scène du bateau à la fin par exemple) qu'il est difficile de pardonner, même pour l'époque. Mais pour contre balancer, l'intrigue est plutôt ingénieuse et fait passer Prison Break pour un enfant de choeur (je dis ça, mais je n'aime pas Prison Break). Les personnages sont intéressants, mais je regrette qu'il n'y ait pas plus de scène pour exploiter leurs traits de caractère. Le film aurait donc gagné en étant un peu plus long pour cette raison.

Les acteurs sont bons. J'avais découvert Stanley Baker dans The Sands Of The Kalahari où il joue un gentil blondinet. Ici il interprète un sale type, et l'acteur ne fait rien pour le rendre sympathique! On rejoint là la règle de Hitchcock comme quoi il suffit de donner du conflit à un personnage pour qu'on s'attache à lui (et non juste le rendre gentil, aimable, poli, ...). Malheureusement, le personnage perd un peu de sa noirceur en cours de route. Ou plutôt on oublie de la rappeler ; c'est-à-dire qu'au bout de 45 minutes, on ne peut pas dire que ce type a un mauvais fond, et finalement l'idée d'en faire un méchant semble n'être plus qu'un simple artifice.

J'ai aimé les Criminels parce que ça se passe dans une prison, parce qu'il y a des personnages cools, et des acteurs doués. J'ai aussi aimé les Criminels grâce à cette bande son jazz très prenante et toujours juste par rapport à l'action. J'ai aimé les Criminels parce que c'est noir, sombre, intelligent sans en faire des caisses (c'est pas Ocean's Eleven). j'ai aimé Les Criminels parce qu'il est simple, mais profond (qu'est ce que ça veut dire comme argumentation?).
MAIS
Je n'ai pas aimé les quelques facilités scénaristiques, et le rythme inconstant de la mise en scène m'a décontenancé.

Ca n'en reste pas moins un excellent divertissement que je recommande.
Fatpooper
8
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le 7 déc. 2012

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7 j'aime

Fatpooper

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