Les Crimes du Futur marque le retour de Cronenberg après 8 années. Le réalisateur revient nous parler de sa carrière, de son art, à travers le personnage de Saul Tenser (interprété par Viggo Mortensen), célèbre performer d'une avant-garde du body art.
Outre le discours sur l'artiste quelquefois pompeux et de son questionnement sur son art, le film brille par son atmosphère viscérale , propre à la filmographie du réalisateur (eXistenZ, Le Festin nu...). Le film laisse une impression assez proche de Faux-semblants dans l'atmosphère qui s'en dégage, mais s'inscrit parfaitement dans la lignée des derniers films du cinéaste, bien plus hermétique au grand public comme Cosmopolis ou Maps to the Stars. Les Crimes du Futur n'est pas le film le plus accessible de sa longue filmographie et c'est un atout sur bien des aspects. Le film est ponctué d'images intrigantes qui ne délivreront pas de réponses ou que très tardivement, comme ces chaises rappelant l'oeuvre de Giger, ou la mention de ce qui semble être une tumeur sur un personnage secondaire. Tout cela déroute et est renforcé par le jeu monolithique de Léa Seydoux et Viggo Mortensen, qui fait échos à l'absence de douleur pouvant être ressentie, on a affaire ici à une humanité déshumanisée en pleine transformation.
La transformation de la sexualité, comme peut le dire un personnage durant le film: "la chirurgie est le nouveau sexe", la transformation du corps pour l'art jusqu'à la transformation , ou plutôt l'adaptation du corps humain face aux déchets plastiques. La notion de transformation corporelle est la clef de compréhension de ce film testament.
Tout cela étant dit, le film sonne comme la fin du monde, du monde comme nous le connaissons. Nous sommes dépassés, l'incompréhension nous marque à travers une narration quelque peu obscure par moments, mais la fin de l'humanité comme nous l'imaginons est là sous nos yeux et c'est inquiétant.