Le roman de Piccoli qui naît de rien est évidement une référence au nouveau roman, duquel les personnages réels rentrent dans l'imaginaire de Piccoli pour en faire les personnages de son récit (ses créatures), qu'il fait jouer sur un jeu d'échecs, dont les règles semblent avoir été imaginées par lui-même. Le réel est le contre point sur lequel l'imaginaire et l'hypnose s'affrontent. Ainsi Varda porte en triomphe l'imaginaire, élévation du réel, sur l'hypnose, appropriation déformée du réel, qui va donc accoucher d'un homme nouveau. Et c'est là qu'intervient la politique de l'auteur : ce film traduit je crois une pensée socialiste. C'est dommage, car cette déformation du réel qui est dénoncée au moyen de l'hypnose, est en fait ce que le socialisme fait aux peuples qu'il contamine. Peut-être que Varda n'était qu'au début, et qu'elle n'avait pas suffisamment questionné le réel pour anticiper au moyen de son imaginaire, la duplicité morale du socialisme.


Le dialogue entre les animaux et Piccoli est à l'image du nouveau langage que se cherche le socialisme français de l'époque : une déformation du réel dans le but d'établir un monologue. Ce camouflé annonçait le fanatisme woke et la faiblesse nihiliste de la cancel culture.


Les quadrillages symbolisent les différentes strates du réel exposés par l'auteur. À cet effet les éléments du décors congruent tout au long du film avec le sous texte du récit. Par exemple les quadrillages du jeu d'échecs se superposent diachroniquement à ceux du sols et de la nappe lors de la scène du vieux fou, sont à l'images de l'altération du réel par son ivresse constante.. Mais encore, le maillot de bain de la jeune libertine, dont les courbures féminines déforment les courbures du quadrillage, comme elles déforment son réel sous le regard des hommes. Le metteur en scène joue à questionner le réel du spectateur, comme ses personnages jouent avec le réel de leurs personnages. Ainsi même le point de vue de l'auteur est mis en scène et congrue avec la forme de son film.. Cette mise en abîme formelle est sans doute un jeu qu'elle établie avec son futur époux, à qui elle dédicace le film : Jacques Demy.

Dalby
9
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le 12 nov. 2022

Critique lue 34 fois

Dalby

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