A l’heure où certains auteurs du western spaghetti sont revenus sur le devant de la scène grâce dernier film de Quentin Tarantino, notamment Sergio Corbucci et Enzo G. Castellari, ne boudons pas le plaisir de nous pencher sur des productions davantage mineures, participant tout de même à l’identité du genre et de sa myriade de films pondus (plus de 600 en une quinzaine d’années). Parmi ceux que l’on déterre (notamment grâce à Artus Films !) se trouve Les Colts de la violence. Ce dernier s’inscrit complètement dans son genre : dès le premier plan, on a compris qu’on est dans les spaghettis.

Quelque part, c’est à la fois une bénédiction et une limite : le film ne déroge jamais aux règles du genre ni à sa codification de série B. On se retrouve donc avec tout ce que l’on peut attendre, le contrat est honoré : des personnages troubles, la musique badass qui revient tout le temps, les décors épurés, les longues lignes de dialogues postsynchronisées en italien… Néanmoins, à contrario des auteurs cités plus haut, davantage protéiformes et originaux dans ce qu’ils insèrent au sein de leur cinéma, Les Colts de la violence ne surprend jamais. L’avantage, c’est finalement que la déception est exclue.

Car si l’originalité est mise de côté, l’histoire fratricide proposée est rondement menée et ne manque pas de générosité envers le spectateur. Les fusillades sont assez jouissives et ne nous épargnent pas la marque de fabrique du spaghetti que nous aimons tant : le bon vieux zoom de derrière les fagots. La réalisation est par ailleurs solide, se fendant toujours de quelques compositions de cadre remarquablement bien senties qui confèrent souvent une petite personnalité à chaque film. Par ailleurs, notons que c’est la première apparition du personnage de Sartana qui, à l’image de Django, donnera naissance à une série de films (avec plus ou moins de rapport).

On prend finalement un sacré plaisir coupable à observer ces duels de charisme, faisant ainsi fi de la légère bêtise globale du film ou du simple fait tous les prétextes soient bons pour faire chanter les colts. L’efficacité du film prend tout de même un coup dans son dernier tiers, qui, à l’instar du Django de Corbucci, se perd un peu dans des divagations narratives pas très palpitantes.

Les Colts de la violence n’est donc pas à bouder et est un représentant tout ce qu’il y a de plus honorable de son genre, un complément intéressant aux grands films. Outre le simple fait que ce soit l’occasion d’y découvrir pour la première fois Sartana, on se plonge avec plaisir dans ces codes du western spaghettis qui fascinent toujours autant et nous rappellent une époque où la série B avait une réelle identité.

La critique (et mini-test DVD/blu-ray) sur Cineheroes : http://www.cineheroes.net/flashback-les-colts-de-la-violence-de-alberto-cardone-1966
ltschaffer
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le 26 janv. 2014

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Lt Schaffer

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