Avant toute chose, je tiens à préciser qu'il s'agit ici pour moi d'une découverte totale de l’œuvre de Wong Kar-Wai dont je commence la filmographie avec ce "Les cendres du temps".


Ce film, à la croisée du western et du wu xia pan raconte l'histoire de Feng, un homme vivant en solitaire dans le désert et servant d'intermédiaire entre des personnes voulant assassiner quelqu'un et des mercenaires. De prime abords, le récit se structure de façon assez simple en plusieurs saisons, commençant au printemps et se terminant à l'hiver. Chaque saison montre Feng, attendant tranquillement dans sa demeure et recevant la visite soit d'une âme dans le besoin et quémandant son aide soit d'une lame prête à louer ses services. Ainsi se succèderont deux soit disantes soeurs cherchant à se venger l'une de l'autre, un héros solitaire à moitié aveugle et cherchant de l'argent pour rentrer chez lui ou bien une jeune femme cherchant à venger la mort de son frère ainsi que d'autres qui viendront s'ajouter à la liste. En plus d'apporter chacun leurs histoires dans le récit, chaque intervenant viendra résonner d'une façon ou d'une autre avec le passé de Feng, revenant encore et toujours autour de l'amour, l'amour d'une femme qui lui était promis mais qu'il a quitté pour suivre sa voie et perdu à jamais.


Bien que cette formule puisse se tenir, enchainant petite histoire sur petite histoire, Wong Kar Wai vient ici casser la linéarité de son récit en introduisant à plusieurs moments des flashbacks qui auront bien du mal à être identifié comme tel sur le moment, il faudra attendre la fin pour finalement nous éclairer sur cette petite supercherie qui n’entache cependant en rien la clarté du récit.


Côté réalisation, j’admets que je ne savais pas trop à quoi m'attendre et malgré le fait qu'il s'agit d'un des premiers films du réalisateur, difficile de ne pas lui accorder un certain sens du cadre ainsi qu'un talent pour la composition de ses images, souvent statique et semblable à des tableaux bien que la beauté évidente de l'ensemble soit pour moi un brin amoindrie par un grain un poil trop prononcé. Il en va de même pour les quelques scènes d'action du film qui sont pour la plupart filmées dans un procédé qu'il serait peut-être qualifié à tort de ralenti mais qui offre un rythme saccadé et qui laisse les mouvements des personnes se découper sous nos yeux, renvoyant là aussi à une certaine picturalité.


Au final, le film nous embarque sans grand mal dans ce voyage à la beauté esthétique certaine et à la mélancolie profonde de ses personnages, tiraillé par des amours gâchés et pourchassant cet horizon désertique qui ne cache qu'un autre désert encore plus vaste.

Thoass
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le 27 déc. 2021

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