Faut dire que les cavaliers de l'apocalypse ne s'est pas trop retenu question glauquerie visuelle, puisqu'il nous montre avec suffisamment de détails poisseux les fameuses mises en scène des meurtres à grand renfort de peau tendue par des crochets de suspension (à la différence que ceux ci sont prévus pour ne pas être retirés). En matière de gore, le film offre donc un peu à voir. Pourtant, c'est un ratage formel monumental. La réalisation pompe Seven sans vergogne dans sa mise en scène d'éclairage (sans cohérence thématique, on passe du jaune au vert, dans le sombre et le surexposé, aucune cohérence), dans sa collecte des indices, dans la découverte progressive des morts... On n'a jamais la moindre sensation de surprise, et je peux comprendre que beaucoup se soient lassés avant de parvenir au dénouement. Pour ma part, seul mon affection pour Dennis Quaid m'a permis de tenir, en m'attachant davantage à son charisme visuel qu'à la banalité de son rôle de père raté qui néglige sa famille au prix de son travail. Absolument tous les personnages de ce film sont clichés (l'homosexuel victime, le chef de police noir, le fils aîné effacé, la chinoise qui se la joue surnaturel...), nouvel argument pour décourager le spectateur d'y trouver le moindre divertissement. Et enfin, la réalisation pêche par de nombreuses fautes de goût, par exemple quand elle tente d'esthétiser quelques scènes avec des inserts hors sujet (une transition d'allumage de clope), quand elle tente d'intégrer discrètement des infos capitales (une présentation d'un lieu si expédiée qu'elle en devient immédiatement louche), quand elle veut jouer la carte d'un surnaturel hors sujet... Direction d'acteur proche du minable, musique absolument quelconque... On peut lister encore des points négatifs pour enfoncer le clou.
Et pourtant, je trouve que les cavaliers de l'apocalypse est à sauver de la catastrophe pour son fond. Néanmoins, cela demande une certaine prise de recul vis à vis de sa nullité formelle, et surtout en développant des spoilers. Mais inutile de partir, comme son développement est posé sur des rails qui ne surprendront personne, il est peut être plus intéressant de découvrir le film avec les clefs en main. On sera toujours ennuyé par le remplissage évident de certaines séquences, mais au moins, on en connaîtra l'utilité et le sens. Car le fond du script est bon, mais le scénario en a foiré l'exploitation. Pour jouer la carte du twist en dernière partie et se donner un air faussement intelligent alors que son fond était nettement plus ambitieux. En effet, pour les deux premières victimes, on se retrouve en face d'une femme saignée à mort, dont on a arraché le fœtus in vivo, et un étudiant homosexuel saigné à blanc dont la mère est retrouvée ligotée dans le placard de l'appartement. J'insiste sur les détails car malgré les apparences le script fonctionne beaucoup avec eux. Le troisième, beaucoup plus développé, commence à introduire le doute, en montrant un jeune homo qui force son frère à regarder son suicide via le système de crochets. A partir de là, le film commence à donner davantage d'éléments et à brouiller les pistes. Les jeunes étaient tous raccordés à un forum de discussion aux thématiques inconnues, quoiqu'axées sur les fameux cavaliers de l'apocalypse. Le film se permet de faire de l'interprétation en traduisant le mot par "révélation". La révélation vient donc avec le quatrième cavalier, sensé apporter la révélation et donc tout éclaircir. Et là, le film prend le contrepied du chemin qu'il a tout le temps suivi, passant du thriller psychokiller à une série de suicides en présence d'un membre de la famille, les victimes étant alors consentantes et voulant illustrer le message du film : l'abandon des responsabilités parentales. Le script révèle alors ses subtilités (dans le cas du premier meurtre, la victime n'est pas la mère mais son foetus, toutes les morts servant dès lors à mettre en scène un sacrifice de jeunes déçus par les attitudes respectives de leurs proches). Le film tente alors de devenir une bannière de la jeunesse sacrifiée par la négligence parentale, et justifie dès lors les clichés comportementaux qui ont remplis son intrigue. Ils sont lassants, mais servent la cause. La véritable faute du scénario est cette absence de raffinement et ce travestissement en seven du pauvre, car les clichés qu'il utilise servent son propos sur les comportements parentaux destructeurs, la perte de repères de la jeunesse et son désespoir quant à son avenir... Le fond était plus dramatique et moins stupide que prévu. Mais la jouer happy end et rédemption, c'était là une belle erreur. Voir l'inéluctabilité de cet embrigadement, l'indifférence avant le choc... Ca aurait été l'angle intelligent, et c'est finalement réduit aux quinze dernières minutes, loin d'être excellentes (car laborieuses). Mais malgré son foirage, le film pouvait prétendre à parler d'un sujet intéressant. Rendez vous manqué qui ne rassemblera maintenant plus que quelques bisseux, les cavaliers de l'apocalypse mériterait un remake orienté dans le drame, dans quelques années histoire qu'on oublie cette piètre copie.

Voracinéphile
4
Écrit par

Créée

le 12 févr. 2015

Critique lue 382 fois

1 j'aime

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 382 fois

1

D'autres avis sur Les Cavaliers de l'Apocalypse

Les Cavaliers de l'Apocalypse
MalevolentReviews
2

"Tu ne voleras pas ton prochain." (Éphésiens 4:28)

Tous les récents thrillers tentent de sortir de l'influence Seven, sorti en 1995. Mais hélas, l'ombre du film culte de David Fincher laisse une trace indélébile dans l'esprit des scénaristes actuels...

le 10 avr. 2019

2 j'aime

Les Cavaliers de l'Apocalypse
Fatpooper
5

Il a rien vu venir !

Ouch ! Pauvre Dennis Quaid ! Il était promis à une belle carrière et puis tout a dérapé... mais quand ? et à cause de quoi ou de qui ? P'tet que si Brad Pitt n'avait pas été là, Dennis aurait pu...

le 30 juil. 2017

2 j'aime

Les Cavaliers de l'Apocalypse
Valerie_Freefounette
7

Les parents n'aiment pas...

Qu'on leur rappelle leurs devoirs de parents, qu'on leur rappelle que faire des enfants c'est prendre la responsabilité de ce qu'ils vont devenir, que la relation qu'ils ont avec leurs enfants...

le 26 juil. 2021

1 j'aime

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

99 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36