Jean-Luc s'en va-t-en guerre

Je n'avais aimé aucun des deux films de Godard que j'avais vu jusque là, A bout de souffle et Made in USA, mais je voulais encore voir Les carabiniers. On en avait vu un extrait en cours lors de ma première année en école de ciné je crois, il y a maintenant 4 ou 5 ans, et j'avais apprécié le côté absurde qui s'en dégageait et qui m'avait fait penser à du Beckett.
Dans un royaume imaginaire (enfin, un terrain abandonné au bord d’une autoroute), deux hommes se font enrôler dans l’armée, quand des carabiniers viennent leur parler des merveilles de la guerre.
Je trouve intéressante la démarche de présenter la guerre de façon absurde, mais le propos perd de sa pertinence à cause de la simplification poussive au point de devenir débile.
Apparemment, recevoir une lettre du roi permet aux soldats de faire n’importe quoi en son nom. Ils peuvent prendre tout ce qu’ils veulent à l’ennemi ; bref, la guerre c’est merveilleux. On ne parle pas de se battre, on ne fait même pas mention de l’ennemi en fait… et d’ailleurs, pendant tout le reste du film, on ne verra jamais cette supposée armée adverse, juste des civils et des résistants, et à aucun moment les personnages principaux ne seront réellement en péril.
La guerre c’est merveilleux !

Le propos ne va pas plus loin que ça. La majorité du film n’est qu’un enchaînement paresseux de scènes sans lien entre elles, séparées par des cartons de texte.
Les protagonistes font et disent des trucs qui n’ont pas tellement de sens, pas dans le but de faire de l’absurde, le film est juste à peine écrit. Ce n’est pas qu’il est mal écrit, mais simplement qu’on ne ressent aucun effort de la part des scénaristes.
La scène qui fait le plus intrus, c’est celle où le héros veut rentrer dans le film, lorsqu’il va au cinéma pour la première fois. Il touche l’écran pendant trois plombes, essaye de sauter dedans plusieurs fois, comme si même après plusieurs minutes il ne comprend pas qu’il ne s’agit que d’une image projetée sur un écran blanc…

D’un point de vue technique, le son et le montage sont chaotiques. Il y a des écrans noirs régulièrement, aucun fondu de son entre deux plans différents, il manque des bruitages… On croirait voir un film non achevé.
Le jeu très maladroit des acteurs n’aide pas. Il y a pleins de scènes où les carabiniers soulèvent un peu, timidement, les jupes des femmes, et font mine de regarder alors même que l’angle ne le leur permet pas ; c’est gênant à voir à la fois parce que c’est mal fichu et parce qu’il est ridicule de représenter de façon aussi prude l’abus d’une victime. De plus, les personnages restent toujours très longtemps comme ça, juste à regarder, comme si regarder la culotte d’une femme était l’étape ultime et qu’ils n’attendaient rien de plus.
Tout le film est très mal rythmé de toute façon, on dirait que les acteurs sont endormis, ils laissent de trop longues pauses entre chaque réplique lors de dialogues, et du coup c’est le spectateur qui s’endort aussi.
Le montage ne cherche même pas à raccourcir ces silences, au contraire, la démarche de Godard est de rallonger inutilement son film. Il suffit de voir la scène où les personnages énumèrent pendant de longues minutes tout ce qu’ils peuvent voler à l’ennemi en temps de guerre.
Le film n’est pas si long, il ne dure qu’1h16, mais il aurait pu facilement être raccourci de moitié. 1h16, non, ce n’est pas long, et pourtant, je n’ai pas pu tenir jusqu’au bout.
Au bout d’une quarantaine de minutes, je me suis dit "à quoi bon continuer ?". Le film n’évoluait pas, et je doutais qu’il se passe quelque chose me faisant changer d’avis d’ici la fin.

PS : Je retiens juste la réplique avec le jeu de mot mexicain/mec si con…