Grand peur et misère ...

Un film hommage à la lutte ouvrière. Mais surtout un très beau film de répertoire réalisé avec intelligence. Riche en personnages tous bien campés. À commencer par Marcello Mastroianni déroutant une fois de plus en professeur lunatique et idéaliste. Son rôle est celui de l’intellectuel qui vient mettre les mots sur les sentiments et la volonté de combattre des travailleurs. C’est lui qui donne le botté d’envoi à la longue et harassante grève et c’est lui qui y mettra fin en invitant les ouvriers à occuper l’usine alors qu’ils sont attendus par l’armée. En faisant mourir le jeune Omero et en plaçant son jeune frère à la queue des employés rentrant à l’usine, sans avoir rien obtenu de leurs revendications, le réalisateur nous laisse sur le message que la pénible lutte de ces travailleurs de Turin n’aura pas été vaine et qu’elle aura montré le chemin aux générations à venir en matière de syndicalisation. La production fait preuve de cohésion. La direction photo est efficace tant pour les tournages en usine que pour les extérieurs. L’ensemble de la distribution est dans la vérité et chaque et chaque personnage a des couleurs bien définies. Accordons une étoile à Fulco Lulli pour son intempestif et herculéen Pautasso. Une autre pour Annie Girardot ne serait-ce que pour sa présence. Le tout crée un bel univers qui nous fait comprendre la misère et l’impuissance de la classe ouvrière à l’époque. On est loin de l’esprit de cols bleus qui sévit aujourd’hui dans l’administration publique. Mais ça c’est un autre sujet…