Les blancs ne savent pas sauter et moi je ne sais pas parler anglais.

Eté 93. Sud de l'Espagne. J'ai une casquette sur la tête. Une casquette moche. Avec des couleurs délavées. Genre un orange vomi et un blanc grisâtre. Au-dessus de la visière une inscription en noire et lettres capitales : "White men can't jump". Mon anglais est limité à l'époque mais j'arrive quand même à saisir le sens de la maxime : "les hommes blancs ne savent pas bondir". Les ninjas peuvent bondir, des ventes peuvent bondir, Tigrou peut bondir mais pas les hommes blancs. Mon anglais est très limité. Ce n'est que des années plus tard que j'ai découvert que "White men can't jump" était en réalité le titre d'un film avec Wesley Snipes et Woody Harrelson. Film que je me suis promis de regarder un jour. Et voilà que ce jour est arrivé. Moralité : ne jamais faire de promesse en l'air. Merci Netflix!


Et là je dois avouer que le film de Ron Shelton est plutôt une bonne surprise! On est clairement dans une oeuvre estampillée "années 1990" : une bande-son 100% hip-hop, des tenues bariolées (profitez-en pour régler la mire de votre téléviseur!), le quartier de Venice Beach à Los Angeles. Ce n'est pas le film de la décennie mais on passe un bon moment. Un bon film de basket et de potes. Et je déteste ça le basket : je suis nul ! Mon frère a joué pendant des années et était un excellent meneur, ma mère a même été sélectionnée en équipe de France, mais moi je suis nul. Du genre à rater la planche 9 fois sur 10. Pas comme Harrelson et Snipes qui eux sont impressionnants tout le long du film. Les scènes de matchs sont filmées de manière à bien mettre en valeur les deux acteurs. Pas de doublures, pas de raccords dégueulasses : ce sont bien les 2W (Woody et Wesley) qui dribblent, shootent, feintent, dunkent, "bondissent". Les fans des Jordan, Pippen et autres O'Neal vont se régaler. Et puis ça joue "à la parlante"! Ça se provoque à coups de vannes sur "Ta mère" et autres insultes sans jamais tomber dans le violent ou le vulgaire. Les 2W en font des caisses et au début du film on peut craindre une avalanche de stéréotypes mais finalement leurs personnages respectifs sont un peu plus creusés et affinés tout au long de l'intrigue. L'intrigue justement parlons-en ! C'est l'un des points noirs du film. Pour une comédie, le scénario est très, peut être trop, fourni : des tournois de basket, des arnaques, des mafieux, des histoires d'amours, des problèmes d'argent. Ça fait beaucoup ! Du coup tout est survolé et il manque une apothéose finale qui aurait pu faire de ce film un excellent divertissement.


Au final, je peux dire que je me suis amusé devant ce film sans prétention. Et surtout près de 24 ans plus tard j'ai enfin eu une explication à cette fameuse phrase inscrite sur ma casquette. Mais chut... Pas de spoiler !

BordenAlfred
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le 29 mars 2017

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Alfred Borden

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