Les Bidasses s'en vont en guerre par pierrick_D_

Quatre copains inséparables font leur service militaire dans une caserne de Dijon.Leur esprit frondeur en fait les bêtes noires et les souffre-douleurs du sergent Bellec,un galonné gueulard et borné,ce que n'arrange pas leur maladresse naturelle qui provoque des catastrophes en chaîne.En 71 un certain Claude Zidi,ancien caméraman et chef-opérateur,réalisait son premier long-métrage,"Les bidasses en folie",dont le succès l'installait d'emblée comme le nouveau cador de la comédie bas de gamme à la française.Devenu le cinéaste attitré des Charlots,il collabore avec eux sur ses films suivants jusqu'à cette suite des "Bidasses" survenant trois ans plus tard et qui sera leur dernier film en commun.En plus de réaliser,Zidi cosigne le scénario avec Jean Bouchaud et Jean-Paul Farré,plus connus comme comédiens.Les Charlots,alors déjà célèbres en tant que chanteurs et musiciens,signent la musique du film et en profitent pour caser quelques-uns de leurs hits,on entend ainsi à un moment la mélodie de "Merci patron".C'est produit par Christian Fechner,pas étonnant dans la mesure où il est aussi le producteur de ce groupe dont fait partie son frère Jean-Guy.Le film de bidasses,brillante émanation du comique troupier,était alors très en vogue et Zidi n'innove guère en la matière,se contentant de recycler bon nombre de gags classiques de la spécialité.S'ensuit une succession de sketches pas forcément drôles ni très bien reliés entre eux marqués par une absence de finesse délibérée.Les auteurs tentent à l'occasion de jouer la carte du burlesque surréaliste à visée poétique sans pour autant s'extraire d'une lourdeur humoristique peu inspirée.L'idée de ces comédies était clairement,surtout en ces années post-68,de ridiculiser l'Armée,décrite comme un ramassis d'imbéciles incultes et alcooliques.Marrant de voir l'évolution de ces données aujourd'hui où notre armée,qui n'a pourtant jamais été aussi nulle,est unanimement célébrée.Il est vrai que les gauchistes ne sont plus obligés de la fréquenter depuis la suppression du Service Militaire,cet éloignement aidant à considérer la chose avec plus de bienveillance.Reconnaissons que perdre une année de sa vie à péter dans les chambrées,descendre des binouzes,effectuer des corvées,ramper dans la boue,courir avec des sacs à dos très chargés et subir les braillements de gradés psychorigides ne constituait pas non plus une perspective attrayante.La première partie du film se contente donc d'énumérer des situations habituelles du genre avec le quatuor de petits malins qui passent leur temps au gnouf,dont ils ne sortent que pour faire des conneries destructrices.On retrouve par exemple des situations vues dans les versions italiennes du genre,notamment les scènes avec la psychologue canon qui ne sont pas sans rappeler les exploits d'Edwige Fenech dans des trucs comme "La toubib du régiment",même si Heidy Bohlen,quoique mignonne,est loin d'être aussi sexy qu'Edwige.Quelques séquences sont toutefois drôles,citons le dosage du pastis du sergent,le vol de sa télé,la voiture attachée aux barreaux ou l'épique remplissage de la citerne chez le colonel.La deuxième partie sombre dans une pathétique guerre,celle du titre,qui voit les quatre couillons déserter et se rallier à des fermiers que l'armée essaie d'exproprier afin de s'accaparer leurs terres.Il s'agit évidemment d'un arc narratif inspiré par les récentes luttes du Larzac menées par les paysans de cette région que l'Etat voulait virer de leurs exploitations pour assurer l'extension d'un camp militaire.Ce combat finira d'ailleurs par aboutir,comme dans le film,sauf que Zidi présente ça comme un ramassis de bagarres ratées ignoblement stupides et filmées avec les moignons au fond des moufles.Sans être franchement mauvais Gérard Filipelli,Jean Sarrus et Jean-Guy Fechner sont des acteurs limités,seul leur pote Gérard Rinaldi parvenant à atteindre une dimension correcte,il sera du reste le seul à avoir une vraie carrière de comédien.Le chauve Jacques Seiler est excellent dans le rôle de Bellec,rendant crédible un personnage très chargé qui aurait pu tomber dans la guignolade mais que le talent sûr du Desfossés de la série "Vidocq" sauve du naufrage.Paolo Stoppa,grand du cinéma italien,est parfait en colonel bonasse et ressemble étrangement à Noël Roquevert.Sa compatriote Marisa Merlini en revanche se plante complètement en fermière braillarde et belliqueuse.Un de ses filles est jouée par une toute jeune Myriam Boyer,la maman de Clovis Cornillac,affublée pour l'occasion de superbes couettes.Il y a également le vieux Georges Douking,un vétéran présent des années 20 aux années 70,un Jean-Paul Farré marrant en charmeur de cravates et sosie de Pierre Triboulet,plus le gros Alain Flick,second couteau toujours précieux.