"Buvons du saké et faisons la fête!"

Après L’Idiot qui s’inspirait de l’œuvre de Dostoievsky et Le Château de l’araignée qui s’inspirait du Macbeth de Shakespeare, Kurosawa adapte à nouveau une œuvre issue de l’étranger, une pièce de théâtre de Gorki : Les Bas-fond. Le réalisateur nippon a gardé le caractère théâtral de l’œuvre originale. Le film se déroule dans le huis-clos d’une auberge et de sa cour. Durant 2h, le spectateur est plongé dans ces bas-fonds de la pauvreté et de la misère. Pauvreté matérielle mais aussi psychique. Ces hommes et ses femmes, enfermés dans ces murs, sont d’abord enfermés dans leurs têtes, sans horizons. Leur vie se réduit pour les hommes au désœuvrement, qu’ils fuient grâce au saké et aux parties d’échecs. Les femmes tentent de fuir soit par la séduction, soit en s’évadant dans des rêveries. Tous sont amers, cyniques ou à bout de nerfs. Au milieu de cette misère, un vieil homme, nouvel arrivé détonne par sa gentillesse et son intelligence tentant vainement d’éveiller d’autres comportements et manières de voir.

Un tableau peu réjouissant et une intrigue assez pauvre. Tout repose sur le jeu des acteurs et leurs interactions. L’incontournable Mifune comme à son habitude se démarque à chacune de ses apparitions. Et Kurosawa dans un cadre étroit réussit à donner de l’intensité à certaines scènes comme celle où la femme agonisante parle sans qu’on la voit. Sa voix remplit toute la pièce et la caméra s’attarde sur le visage de ceux qui sont présents et qui l’écoutent chacun à leur façon. Cette femme est encore plus présente par sa seule voix qu’elle ne l’aurait été si elle avait été filmée à ce moment.

Malgré quelques longueurs certaines, Kurosawa arrive à nous intéresser à ces pauvres bougres. Si ce n’est pas la meilleure réalisation du réalisateur, elle n’est certainement pas à jeter, elle dépeint avec réalisme la misère humaine et porte un regard bienveillant sur ceux qui sont prisonniers de leur condition.

Il est mort pour nous gâcher le plaisir!

Créée

le 24 mars 2023

Critique lue 72 fois

12 j'aime

5 commentaires

abscondita

Écrit par

Critique lue 72 fois

12
5

D'autres avis sur Les Bas-fonds

Les Bas-fonds
abscondita
7

"Buvons du saké et faisons la fête!"

Après L’Idiot qui s’inspirait de l’œuvre de Dostoievsky et Le Château de l’araignée qui s’inspirait du Macbeth de Shakespeare, Kurosawa adapte à nouveau une œuvre issue de l’étranger, une pièce de...

le 24 mars 2023

12 j'aime

5

Les Bas-fonds
Bung
6

Salauds de pauvres

Vaille que vaille, nos petites aventures dans le passé glorieux du cinémââââ apporte son lot de va et vient aléatoire, au gré des vagues promotionnelles qui titillent l'esprit, alors bien sûr quand...

Par

le 28 mars 2018

6 j'aime

Les Bas-fonds
Eric31
8

Critique de Les Bas-fonds par Eric31

Les Bas-fonds est un drame social japonais réalisé par Akira Kurosawa, coécrit par Hideo Oguni d'après la pièce de Maxime Gorki (créée en 1902) qui met en scéne dans un quartier insalubre du Japon...

le 9 févr. 2017

5 j'aime

1

Du même critique

La Leçon de piano
abscondita
3

Histoire d'un chantage sexuel ...

J’ai du mal à comprendre comment ce film peut être si bien noté et a pu recevoir autant de récompenses ! C’est assez rare, mais dans ce cas précis je me trouve décalée par rapport à la majorité...

le 12 janv. 2021

56 j'aime

20

Le Dictateur
abscondita
10

Critique de Le Dictateur par abscondita

Chaplin a été très vite conscient du danger représenté par Hitler et l’idéologie nazie. Il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme. Il commence à travailler sur le film dès 1937. Durant...

le 23 avr. 2022

33 j'aime

22

Blade Runner
abscondita
10

« Time to die »

Blade Runner, c’est d’abord un chef d’œuvre visuel renforcé par l’accompagnement musical mélancolique du regretté Vangelis, les sons lancinants et les moments de pur silence. C’est une œuvre qui se...

le 15 janv. 2024

32 j'aime

19