L'écrivaine Annie Ernaux tente avec l'aide de son fils de reconstituer une histoire fragmentée de sa vie familiale mais aussi de décrire le parfum d'une époque (entre 1972 et l'orée des années 1980).
Par le tremblant truchement du format Super 8, elle nous offre de petites séquences intimes où l'on perçoit le temps qui passe et l'usure de l'existence.
Les moments de bonheur, les instants de vacuité, la lente érosion du couple, les voyages organisés mais aussi la joie que procure la présence réconfortante des enfants, sont autant de signes de vie capturés par la caméra de l'époux et du père de famille.
Car celui-ci filme tout. Comme pour ne rien oublier, ne rien manquer de cette vie paisible et bourgeoise où le décor compte autant que les personnages.
Frappant et émouvant sont le contraste entre la banalité des images et la voix off de la narratrice, qui suggère davantage qu'elle n'explique ce que l'on voit sur la pellicule.
J'ai souvent pensé au roman "Les choses" de Georges Pérec qui décrivait si bien la société consumériste des Trente Glorieuses.
Un documentaire modeste dans sa forme mais singulier dans son fond, si l'on veut bien se donner la peine de le lire entre les lignes.