C'est l'histoire d'une jeune fille, Mia, qui tourne autour d'une statue monumentale de Marilyn Monroe et qui désir sa féminine et son glamour. Mais malgré son jeune âge, Mia est déjà une femme. Elle n'a pas le choix, nous saurons pourquoi plus tard. Elle s'occupe de toutes les tâches dans un hôtel en bord de mer. Elle n'a pas de papier et doit se faire discrète. Il y a Xiaowen, gamine d'une douzaine d'année qui aussi rêve de devenir une grande, n'hésitant pas à consommer de l'alcool et se sexualiser quitte à se faire agresser par un vieux pervers avec sa meilleure amie.
C'est l'histoire de Mia qui a tout vu sur les écrans de surveillance et a filmé la scène, mais va garder le secret pour conserver son travail et ne jamais être renvoyé dans sa famille. Mais aussi de Xiaowen qui va rester dans le silence malgré l'aide d'une avocate. Tout cela la dépasse, elle cherche à devenir grande, mais elle se sent rongée aussi par la culpabilité. Que s'est-il vraiment passé ?
Cadrage très serré et longue focale. Un arrière plan très peu visible, offrant de rares plans d'ensemble. Ce qui provoque une sensation d'étouffement et nous place toujours au plus près de ces filles, mais aussi dans leur situation. Celle d'être prisonnière d'un lourd secret, de la crainte du changement et de la trahison. On étouffe comme elles jusqu'à la libération finale de Mia.
C'est une sorte de doux conte de fée, où l'innocence de l'enfance l'emporte sur la perfidie de nombreux adultes. C'est une distanciation avec l'occidentalisation de la Chine actuelle qui nous montre que ces jeunes générations se sentent à leur place loin des adultes, sur la plage, à respirer l'air marin ou sur la route. Quelques moments sont juste d'une brillantes poésie : de l'absurdité avec ces nombreux couples mariés posant pour des photographes sur la plage, sous le regard désintéressé de Xiaowen. Ainsi que ses larmes tellement significatives qui coulent sur son visage à la fin. Ou encore l'échappée finale de Mia. En bref, deux jeunes actrices poignantes et très talentueuse pour nous embarquer dans ce drame simple et percutant. Un vrai bijoux.
(*Un titre faisant référence au film de Sean Baker, parlant de cette même innocence d'enfants confrontés aux questionnements sur leur devenir d'être adulte, de se débrouiller seul. Le tout se déroulant dans un hôtel et dont l'échappatoire finale est une icône pop du capitalisme pour conserver cette innocence)