J'ai été très marqué par les premiers films de Forman, sa période tchèque comme on dit, car je les ai découverts très tôt dans ma cinéphilie, diffusés par Claude Jean-Philippe plusieurs semaines de suite. Et ces films m'avaient incroyablement marqués, par leur douceur, par leur innocence, me montrant qu'on pouvait faire du cinéma d'auteur en étant léger, sans forcément évoquer la mort ou le fatum. J'ai toujours considérés ces films comme le meilleur de son oeuvre avec Amadeus qui est sa plus grande réussite américaine (oui certains objecterons Man on the Moon, mais c'est moins bien qu'Amadeus quand même). Revoir Les Amours d'une Blonde plus de 30 ans après a été un vrai bonheur. J'ai redécouvert le film, dans cette superbe version restaurée par Carlotta, merci, mais en même temps je n'avais rien oublié. Je me souvenais parfaitement de cette jeune femme et de ses premiers errements amoureux, comme d'une amie de lycée que je n'avais pas revue depuis mais à laquelle je pensais toujours régulièrement. Ce cinéma-là est d'une liberté et d'une insouciance folles mais qui porte encore le poids des pères, et qui semble presque se méfier de ce qui va arriver (les chars russes quelques années plus tard). Comme si on n'osait pas encore tout à fait, mais qu'on goutait quand même à cette liberté qui nous tend les bras. Le film est très proche du cinéma italien de l'époque, il y a les mêmes questionnements, ou la même esthétique, que dans, par exemple, L'Emploi d'Ermano Olmi (ce sont vraiment deux films jumeaux) ou Les Adolescentes d'Alberto Lattuada. Est-ce que le cinéma italien était visible en Tchéquoslovaquie, où est-ce un beau hasard, le résultat de deux urgences simultanées, comme des poussées adolescentes, d'acnée ou de désir ?