C'est l'histoire d'une jeune femme dans les années 1970 qui se croit possédée par une fillette. Avec l'aide d'un professeur et de trois jeunes gens tous très curieux par ce cas qui défie la science, ils vont tenter de l'aider et de la guérir à leur manière. Mais au pays de la possession, rien ne se passe jamais vraiment comme prévu...

Le récit sent le réchauffé mais il est bien tenu car le traitement diffère un peu du film de possession lambda. Déjà, la jeune Jane interprétée par Olivia Cooke inspire plus de peine que de peur. Je ne sais pas si c'est l'idée du siècle, car un film d'épouvante doit sans cesse garder un climat inquiétant pour accrocher son spectateur, mais le résultat est plutôt bénéfique. On s'attache à elle et, comme eux, l'indiscrétion se mêle à l'attachement. Comme 90% des films d'horreur que je regarde, j'ai trouvé la fin bâclée et inappropriée, car alors que des éléments sortaient un peu de la trame scénaristique habituelle de ce genre de films, la résolution convenue annihile tout l'intérêt du film. C'est un non twist final raté pour The Quiet Ones qui tenait pourtant dans ses mains toutes les cartes pour gagner.

En effet, rares sont les films de possession qui, d'une part, ne parlent pas de Dieu toutes les deux minutes et d'autre part, proposent au spectateur une multitude de questionnements et un véritable bras de fer entre la science et le surnaturel. Au gré des élucubrations du professeur, on tente de démêler ce qui est vrai, joué, surjoué, si la cause du mal est innée ou remonte à l'enfance et comment appréhender ce cas : relève-t-il de la psychiatrie ou d'une véritable entité maléfique ? Ces interrogations suivront les personnages jusqu'au bout du film.

The Quiet Ones n'est pas un found footage comme j'ai pu le lire (pas sur ce site) mais il est parfois filmé en caméra subjective car il y a dans l'équipe un jeune caméraman chargé de mettre en images des preuves tangibles. Il ne s'agit pas d'une caméra retrouvée à la fin du film et dont on a visionné les bandes, mais parler un peu plus de ce sujet serait révéler la toute fin. Le fait de mélanger son point de vue et une réalisation plus traditionnelle est une idée déjà très utilisée dans les films d'horreur et elle est au final assez bien exploitée ici. Les seuls moments de frousse viennent des actions suggérées, hors champs, la peur s’imprègne du spectateur lorsqu'il n'a plus accès aux images et c'est ce que permet ce procédé. Les quelques plans sur Jane, immobile, sont aussi assez perturbants.

Les acteurs sont absorbants. Jared Harris est une surprise, surtout dans la seconde moitié du film ; il dégage de son personnage une volonté malsaine. Olivia Cooke est sûrement un peu trop sage pour son rôle mais elle est comme toujours envoûtante, donnant à la double personnalité qu'elle incarne un crédit pas toujours très authentique mais très différent et assez humain par rapport à d'autres films. La bande-son permet de donner un peu d'intensité aux scènes, ce que les acteurs peinent à faire, notamment les trois autres. Les cris sont multipliés, la musique absente et les brefs moments de panique mettent en lumière une direction d'acteur souvent en demi-teinte.

Je recommande ce film, très sévèrement noté sur SensCritique, pour une raison toute simple : il remplit le job. Et si le réalisateur se casse la figure en voulant filmer des instants crispants alors que son film nécessiterait des interventions beaucoup plus percutantes ou au contraire plus subtiles, il propose un film cohérent, "basé sur des faits réels" qui n'a pas à rougir de ses petits copains. Ceci dit, il n'y a pas de quoi se pavaner non plus...
EvyNadler

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