Les Amants passagers par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Au départ de Madrid, les passagers d'un A340 en direction de Mexico ne se doutaient pas qu'ils allaient vivre un voyage mouvementé. Tout se passe pour le mieux jusqu'au moment où les passagers vont apprendre que l'appareil doit se poser en urgence, l'un des trains d'atterrissage est bloqué. L'avion tourne à n'en plus finir dans le ciel espagnol dans l'attente d'une piste susceptible de l'accueillir. Si les passagers de la classe économique ont été drogués afin de ne pas se rendre compte de la situation, ce n'est pas tout à fait le cas des "pensionnaires" de la classe affaire qui commencent à se livrer à une confession collective, chaperonnés par trois stewards très spéciaux. Ceux-ci vont tenter dans la mesure de leurs moyens de calmer l'angoisse des passagers en attendant la conclusion de ce vol plus que périlleux.


La compagnie "Peninsula" n'est pas en odeur de sainteté auprès des passagers de cette classe affaire, les seuls à ne pas été endormis à l'aide d'une drogue. L'attitude fantaisiste et désinvolte des stewards ne fait rien pour pour rehausser le drapeau de cette compagnie. Occupent cette classe affaire deux jeunes mariés issus d'un quartier modeste, une voyante très spéciale, un Mexicain à l'air pas très commode, un "tombeur de ces dames", une drôle de journaliste et un escroc très digne. Lorsque le doute de l'avarie se confirme suite à la franchise de l'un des stewards, les passagers sont face à une mort presque certaine et un vent de panique plane dans le compartiment. Ils vont alors se "libérer" de leurs secrets inavouables. Pendant ce temps l'avion tourne en rond, la tension monte, l'alcool coule à flot, la drogue se distribue à tout va afin de libérer les pensées en même temps que les consciences se libèrent elles aussi. Une farandole d'actes, de paroles, d'attitudes exacerbées s'exhibent dans cette carlingue qui sera peut être une masse de tôle calcinée à l'atterrissage. C'est le moment des rancoeurs, des souvenirs et des regrets. Ces gens n'ont plus rien à attendre et à craindre de la vie. Qu'importe! Le personnel de bord très fantasque tente toujours par des moyens assez troubles de calmer tout le monde.


Il va de soit qu'au regard de ce dix-neuvième long métrage de Pedro Almodovar j'ai passé un moment assez distrayant , toutefois je suis tout de même resté sur ma faim car j'attendais beaucoup mieux de ce réalisateur qui n'a cessé d'émerveiller, d'émouvoir et parfois de révolter. Le sujet est très fort car il développe un comportement face à une mort prochaine d'un groupe de personnes paraissant au prime abord tout à fait normal. Puis petit à petit, les minutes passant, chacun va dévoiler une existence lourde de secrets. Les âmes sont à nues et cette confession avant le moment suprême a quelque chose de sordide. Jusque là le film me plaît beaucoup. Puis vient ces gags dont certains sont excessifs. Pedro Almodovar tombe alors dans une sorte de provocation gratuite. Les stewards homosexuels au demeurant excellents danseurs et chanteurs (l'un des bons moments du films) en font beaucoup trop et finissent par agacer. Les aventures amoureuses des occupants du poste de pilotage traînent en longueur et n'apportent pas grand chose à l'intrigue. En fait les acteurs badinent, en font trop. Le réalisateur nous inflige certains gags d'un goût assez douteux qui sont loin d'enflammer cette comédie grinçante sur étude des comportements humains dans un cas extrême. Dommage! Pedro Almodovar s'est entouré pour ce film de ses acteurs fétiches tels que Javier Camara, Paz Vega, Cecilia Roth et bien sûr Penélope Cruz et Antonio Banderas. Malgré tout, ces excellents comédiens n'ont pas suffi à me transcender.


En conclusion, je dirais que nous sommes très loin des plats de résistance de Pedro Almodovar, entre autres "Parle avec elle", "Volver", "Attache-moi" ou "La mauvaise éducation". Pour ce voyage mouvementé et incertain je n'ai eu droit qu'à un simple amuse-gueule. J'attends donc son prochain film en espérant que l'on me servira un plat gastronomique comme ce réalisateur sait si bien les concocter.

Grard-Rocher
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le 31 janv. 2014

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le 30 janv. 2014

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