Adopté ou remboursé ? Je choisis la seconde option

Avant de commencer cette critique, je m'étais fait une promesse un peu étrange: celle de ne pas attaquer d'entrée Mélanie Laurent. Ce qui est un peu dur quand on veut parler d'un film de, joué et même avec la musique de Mélanie Laurent. Mais voila, si je n'essayais pas d'aborder son film comme celui d'un simple réalisateur débutant, ma critique serait juste une critique de "hater" (même si je suis allé le voir, en "hater", je l'avoue).
La raison principale pour laquelle "Les adoptés" gagne 3 étoiles (je pars du principe que tout film commence à zéro avant de le voir), c'est peut être son chef op (de son nom Antoine Bodin, rendons à César ce qui est à César). Il aime peut être un peu trop les débordements laiteux de lumière, comme JJ Abrams voue un culte aux flairs, mais ses éclairages de nuits sont assez impressionnants et ses flous parfaitement maitrisés.
L'autre raison s'appelle Denis Menochet. Malgré sa tête de gros dur façon Jean Gabin, il reprouve cette année après le Skylab que son jeu est tout bonnement impressionnant. Sa sensibilité, sa justesse laisse pantois et nous rend crédible son personnage d'abord grand séducteur puis homme perdu et désespéré, malgré sa tête de... grizzly.
Je suis peut être méchant, mais clairement, dépasser son propre physique est généralement la marque d'un grand acteur.

Maintenant le véritable problème dans la mise en scène des Adoptés, est finalement un problème que l'on retrouve assez fréquemment dans tout les films indépendants sacrés par Sundance bizarrement. Ce problème est que le réalisateur ou la réalisatrice va avoir un gimmick de réalisation et va l'user tellement qu'il ou elle en abuse.
J'en veux pour preuve Animal Kingdom qui ne cessait de me refaire encore et encore des scènes à poids dramatique au ralenti (quasiment toutes les arrestations et meurtres du film sont faits comme ça). Autre exemple Another Earth, ou l'on voyait sans cesse des plans larges en latéral de l'actrice principale marchant dans la rue ou à la campagne.
Certains voient ça comme la marque d'un véritable auteur.
Moi j'estime que dans un film faire toujours la même chose c'est chiant. Et c'est même un signe de paresse de celui qui est derrière le film, qui me prouve qu'il a pas beaucoup d'idées dans la caboche.
Les adoptés, suit cette mode, et répète toujours des moments de "montages" sur fond de voix off.
Une fois ça va, deux fois aussi, mais quand c'est tout le temps, ça devient pénible.

Surtout que ses autre idées, sont des idées qui n'ont pas grand chose à foutre la.
Je prend pour exemple un passage, ou le fils de Lisa tombe sur une photo de Marine, et soudainement l'intérieur de la photo s'anime, la rendant "vivante". C'était très amusant dans "Amélie Poulain", mais qu'est ce que ça vient faire dans un film aussi dramatique que "Les adoptés" ?
Jamais on m'avait averti dans le film, que le ton allait parfois donner dans de la fantaisie ?
"Les adoptés" manque de cohérence d'esprit. On a juste l'impression que Mélanie Laurent a mis dans son films, juste ce qu'elle considère être chouette au cinéma, et à tout mélangé en se disant que ca donnerait quelque chose de cool au final, un peu comme un enfant mélangerait camembert, chocolat et coca pour se faire à manger.

L'histoire elle des Adoptés est plutôt bateau et n'apporte pas grand chose d'intéressant. Il est juste amusant de constater que le schéma dramatique du film est calqué sur celui des Petits Mouchoirs, qui lui même n'était pas très cherché.
Cependant des films ont réussis a dépasser ça, comme "Le premier jour du reste de ta vie".
Mais à l'inverse du film de Rémi Bezancon, les personnages ne sont pas attachant.
Et la j'en viens au point qui fâche.


Mélanie Laurent.

Elle fait partie au même titre qu'Isabelle Huppert et tant d'autres comédiens, au groupe des "mono-registre". J'ai dis "mono-registre" pas "mono-expressif", elle n'est pas Keanu Reeves non plus.
Son registre; comme pour tout les autres, certainement calqué sur sa propre personnalité; est de râler et de faire des reproches tout le temps. Un peu ce que les Québécois pensent des "maudits français" en somme. Même son humour est basé sur la moquerie. Peut être qu'elle n'est pas aussi prétentieuse qu'elle y parait, mais elle semble avoir un problème avec son propre égo.
Elle me rappelle presque le personnage de Marina Fois dans "Polisse" a la différence que Fois sait tout à fait jouer d'autres personnages. Et qu'elle est drôle aussi.
Pourtant, ce n'est pas bien grave, quand je suis allé voir "Les adoptés", je savais bien que c'était peine perdue de chercher autre chose qu'elle en tant qu'actrice. La ou ça me casse bien les couilles par contre, c'est qu'elle a écrit tout les autres personnages comme ça. Marie Denarnaud, Audrey Lamy, même Denis Ménochet le font. Ils dressent même tous des listes de reproches aux autres. Le seul personnage qui ne suit pas cette description, ou en tout cas tend à s'en éloigner, c'est celui de Clémentine Célarié, qui malgré des plans sur elle triste, semble être la seule bien dans sa peau.
Du coup le film l'oublie, alors qu'elle est un peu censée être la pierre angulaire de la famille.

En réalité, "Les adoptés" est parfaitement prévisible dans la mesure ou non seulement il ne fait pas avancer le cinéma français, mais qu'il est aussi malheureusement à l'image de sa créatrice, qui comme l'a parfaitement souligné "Excessif", semble vouloir tout maintenant en brulant toutes les étapes. Je rappellerai le brillant proverbe anglo saxon, que Mélanie Laurent devrait garder en tête:
"Jack of all trades, master of none."