Après avoir vu la critique d'un éclaireur (Pierrick), j'avais une furieuse envie de revoir ce film que j'avais plutôt apprécié à sa sortie en 1994.
Pour justifier mon achat et appâter mon épouse qui n'aime pas trop Luc Besson, je lui avais dit :
- Tu verras, c'est mignon et romantique
- Oui, mais tu as vu que c'est interdit aux moins de douze ans, quand même.
- Parce que c'est un polar avec quelques scènes un peu violentes.
Après le film, la réaction n'a pas manqué de fuser : tu connais la définition des mots "mignon" et "romantique" ?
Bon, d'accord, c'était un bide. Et pourtant, ce film est, chez moi, presque une exception, dans la filmographie de Besson que j'apprécie modérément. C'est comme "le cinquième élément" que j'aime bien, je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs.
"Léon", c'est l'histoire d'une petite fille de douze ans, Mathilda, qui vit chez des parents impliqués dans le trafic de drogue jusqu'au cou et se ramasse régulièrement des torgnioles. L'innocence meurtrie.
"La vie, c'est tout le temps comme ça ou c'est seulement quand on est petit ?"
Jusqu'au jour où des malfrats (qui s'avèreront être des flics pourris) massacrent la famille. Unique rescapée de la tuerie, elle se réfugie chez le voisin, Léon, qu'elle croise régulièrement dans le couloir et qui lui avait alors répondu :
"C'est tout le temps comme ça"
Léon est un vieux loup solitaire, analphabète. Mais retrouve son regard d'enfant devant les comédies musicales avec Gene Kelly. Qui reporte un manque d'affection sur une plante qu'il soigne avec les plus grands égards. C'est aussi un tueur à gage dont la fonction est de "nettoyer" quand c'est nécessaire. Avec une morale stricte "ni les femmes, ni les enfants"
Démarre alors une amitié qu'on pourrait qualifier d'improbable entre cet homme et la jeune fille si on n'y découvrait pas une certaine complémentarité et une vraie complicité.
"Léon", c'est une sorte d'ambiance étrange et hors sol, pendant 140 minutes, construite à partir d'une musique plutôt prenante, un acteur Jean Reno, mutique et sauvage et une jeune fille très "Lolita", Natalie Portman, qui parviendra à le troubler. Le tout dans un contexte de violence et de vengeance. À New York.
Natalie Portman, dans son premier rôle au cinéma, du haut de ses treize ans, est bluffante.
Jean Reno, qui trouvera moyen grâce à ce film d'entrer dans le cinéma américain., est très convaincant dans ce rôle de tueur solitaire mais propre sur lui dans un univers borné et désespérément violent.
Gary Oldman est l'exact contraire dans un rôle de flic pourri, drogué, et psychotique. Et même fan de Beethoven à ses heures …
En guise de conclusion, il y a quand même du "mignon" quand Mathilda fait faire une dictée à Léon pour lui apprendre à écrire. De même, il y a un romantisme certain lorsque Mathilda met en terre la plante de façon à ce que Léon puisse retrouver ses racines …