Si comme Ferdinand, vous avez toujours voulu savoir ce qu'était le cinéma,une nécessaire étude des fondations se doit d’être entreprise.
Pourquoi le cinéma ? Dans quel but ? Méliès nous livre une réponse simple : le voyage.
Cette courte épopée raconte l'histoire d'un groupe de scientifiques décidant de visiter le mystérieux satellite à bord d'une fusée. Après l'alunissage,le groupe d'aventuriers se retrouve aux prises avec des sélénites hostiles, à la suite de combats burlesques, le groupe rejoint la terre où il est célébré en héros.
L'objectif ici n'est pas de livrer une composition réaliste,mais de tout simplement de transporter, de faire voyager.Inspiré par le théâtre français féérique du 19eme siècle, Méliès propose une vision cinématographique loin du réalisme photographique,proche du documentaire moderne,des frères lumières. Cette vision est permise par la mise en scène . Dès les premières secondes, le spectateur de 1902 ou de 2022 est marqué par la fantaisie bouffonne choisie par le film ( costumes inspirés des légendes médiévales,explication et péripéties pataphysique etc...).
Méliès importe des concepts communs dans d'autres arts comme l'ellipse ( la nuit qui passe avec l'ensemble des effets de style l'accompagnant) et les cascadeurs ( les sélénites sont joués par les acrobates des Folies bergère qui rajoutent du burlesque au court-métrage). Le réalisateur pose les bases de la mise en scène à partir de codes piqués au théâtre et à la photographie ( construction de studio, création de costume,organisation des prises de vues etc...). La présence d'effet spéciaux et d'effet de montage comme les fondues enchainées sont révolutionnaires.
Ces ensembles d'artifices offrent au spectateur toute la magie du cinéma : un endroit où tout est possible loin de l'ordinaire de la réalité.
Le style reste cependant simple, brut. Pas d'effets de caméras complexes, une grammaire cinématographique balbutiante, thèmes peu développés ( malgré une critique remarquée du colonialisme). Il semble difficile de reprocher cela à l'œuvre au vu de son age et de son statut de pionnière
Burlesque et inventif, ce court-métrage pose les bases du cinéma : l'évasion par l'imaginaire et l'émotion.