Comme on peut d’ailleurs le voir sur la splendide affiche de Jean Rollin lors de la sortie du film, Le viol du vampire est la réunion de deux moyens métrages : Le viol du vampire et Les femmes vampires. Le distributeur Jean Lavie avait demandé à Jean Rollin de tourner un court-métrage pour compléter la programmation d’un film américain qui était un peu court. Jean Rollin tourne alors Le viol du vampire. Le producteur qui finance le film apprécie le résultat et demande à Jean Rollin d’agrandir le film en tournant une suite pour pouvoir le distribuer tout seul. C’est ainsi que La reine des vampires se rajoute au premier film permettant ainsi de constituer un long-métrage. L’ensemble constitue donc le premier long-métrage de Jean Rollin et on y trouve déjà la plupart des thèmes et des lieux (notamment la très belle plage de Pourville-lès-Dieppe) importants de son œuvre. Le film souffre de cette structure « bricolée » qui rend l’intrigue assez confuse et difficile à suivre. Il souffre aussi de l’amateurisme de la plupart des interprètes, dont certains n’avaient aucune expérience en la matière. L’ensemble est assez foutraque : influence de la nouvelle vague, du sérial, du surréalisme, bricolage filmique, second degré, tout cela accompagné d’une musique de free jazz de François Tusques et Barney Wilen, extrêmement moderne et dissonante et peu habituelle pour un film de vampire. Le film déclencha un véritable scandale lors de sa sortie, il y eut même des dégradations de salles, ce qui peut se comprendre vu que la plupart des amateurs de films de vampires étaient biberonnés à la Hammer ! Cela dit, cet OVNI cinématographique n’en comporte pas moins de belles idées, un noir et blanc superbe, un certain nombre de plans intéressants et, surtout, sort complètement des sentiers battus et témoigne d’un véritable amour du cinéma. Le film est disponible dans le coffret Jean Rollin édité par L.C.J. dans une copie acceptable mais au format trop petit.