C'est cinq ans après le triomphe de Sixième Sens que Mr. Shyamalan nous a présenté Le Village, un film plutôt originale mais qui a pas mal divisé. Malgré ces avis mitigés -et encore, c'est très positif par rapport aux films du réalisateur qui vont suivre-, le long-métrage a su au fur et à mesure des années se trouver un public pour le défendre ; et je pense dans une moindre mesure en faire parti.
Attention, cette critique comporte des spoilers...
En dépit de l'inégalité de sa filmographie, s'il y a une chose que l'on ne peut pas enlever à M. Night Shyamalan, c'est sa capacité à créer des mythologies, on remarque particulièrement cela dans Le Village. Toute l'intrigue autour de "Ceux dont on ne parle pas" (très beaux costumes au fait) est en effet captivante. Les thématiques sont également plutôt intéressantes, bien qu'un peu manichéennes puisque les anciens ne sont au final pas mieux que les gens de la ville. Malheureusement, l'imagination du réalisateur n'est pas complétée par un scénario irréprochable. Je ne commenterais pas les accusations de plagiat puisque je n'ai pas lu les œuvres en question, en revanche je peux prendre pour exemple les problèmes de crédibilité. Même si j'ai adoré les deux révélations qui sont assez inattendues, objectivement il y a des soucis de vraisemblance pour le deuxième twist : comment est-ce plausible d'avoir une fortune suffisamment importante pour permettre de négocier avec le gouvernement une zone de non vol et de non accès pendant autant d'années ? Et même si c'était possible, le gouvernement serait-il tordu au point d'accepter ce genre d'arrangement ? Est-ce crédible qu'aucun ancien n'ai finalement voulu revenir dans la sociétés ? Je trouve également que la première révélation sur l’identité des "créatures" est trop prématurée, ce n'est qu'une hypothèse mais il aurait été peut être plus intéressant que le twist soit dévoilé à partir du moment où l'on découvre le corps de Noah dans le costume, de sorte que le spectateur croit qu'il s'agisse de vraies créature jusqu'à la fin, quitte à rapprocher les deux révélations.
La réalisation a quant à elle du bon et du moins bon. Le gros point négatif qui est de toute façon propre au cinéma de Shyamalan, c'est la lenteur du rythme ; l'histoire met vraiment du temps à se mettre en place et c'est plutôt regrettable car ça casse quelques fois l’atmosphère. Mais globalement le film est bien mis en scène et comporte un élément essentiel : du suspens.
Le Village est aussi doté d'un bon casting. C'est ce film qui a révélé Bryce Dallas Howard et j'aimerais faire une comparaison avec Jaden Smith qui a aussi tourné pour M. Night Shyamalan dans After Earth. Le point commun entre les deux acteurs est qu'ils peuvent remercier tout les deux papa d'être célèbre, la différence est que dans le cas de Bryce Dallas Howard, il s'agit d'un piston justifié et positif puisque l'actrice de Jurassic World est vraiment convaincante ! Ici elle rend son personnage particulièrement attachant. Joaquin Phoenix est comme à son habitude excellent, son protagoniste timide est l'opposé de celui incarné par Bryce Dallas Howard et pourtant, il y a une très bonne alchimie. Adrien Brody a lui aussi un super jeu d'acteur. En seconds rôles, on retrouve les très grands acteurs William Hurt et Sigourney Weaver.
Pour finir, on ne peut pas faire une critique du Village sans évoquer la magnifique bande originale composée par James Newton Howard ! Elle est un peu répétitive certes, mais elle est tellement agréable à écouter ! Il s'agit même aux côtés de Signes de la meilleure collaboration entre le compositeur et le réalisateur du film.
Le Village a des défauts, c'est une légère déception mais ça reste le dernier bon film de Shyamalan avant une série de ratés jusqu'aux sorties de The Visit et surtout Split une dizaine d'années plus tard.