Le Venin de la Peur, sobrement intitulé lors de sa sortie en France sous le nom encore plus sobre de "Les Salopes vont en enfer" (des rumeurs d'inserts pornos lors de la diffusion du film en salles restent cependant fausses), est le deuxième giallo de Lucio FULCI (après l'excellent "Perversion Story" que je vous recommande également), cinéaste devenu culte bien après ses plus hauts faits dans le domaine de l'horreur, et notamment du genre gore (le terme "torture porn" serait apparu suite à une critique de son très connu "Au Delà").


Nous avons à faire ici à son giallo le plus représentatif en terme d'esthétique, mais Fulci contourne insidieusement le genre en dressant avant tout le portrait de son héroïne, Carole, jeune femme issue d'un milieu bobo en pleine période de la révolution sexuelle de la fin des années 60/début des années 70, et qui a quelques petits soucis de refoulement sexuels puisqu'elle rêve sans cesse de coucher avec la voisine d'en face ! Pas de chance pour elle, cette dernière se retrouve assassinée et de nombreux détails troublants de son rêve sont présents sur la scène de crime.


Le film est ainsi rythmé par une enquête policière qui patine, couplé avec la quête plus intime de Carole : Est-elle vraiment coupable ? Ou est-ce un complot ?
Fulci parvient à nous perdre littéralement par son intrigue (qui peut sembler confuse, notamment après avoir découvert la révélation finale) et nous propose un voyage psychédélique et morbide, se permettant des scènes gores particulièrement osées (la scène des chiens), ces mêmes scènes qui furent la (mauvaise) réputation de Fulci à l'époque où il produisait ces films.


La mise en scène ultra sophistiquée nous scotche littéralement au fauteuil, notamment ces gros plans sur l'oeil de personnages reflétant le cadre de la scène (mise en abyme du spectateur, tavu) que notre cher cinéaste apprécie particulièrement (l'oeil est souvent un peu martyrisé dans les films de Fulci). Il travaille ses cadres d'une manière absolument admirable pour un réalisateur trop souvent rabaissé à un "faiseur de films gores" en jouant sur des symboliques lourdes de sens.


En bref, si vous voulez tenter de beaux giallos autres que ceux d'Argento, "Le Venin de la Peur" est indispensable ! D'une tenue exemplaire, bien supérieure à la tonne de giallos sortis à cette époque, le film reste un objet filmique passionnant à étudier !


Gare aux mirettes sensibles par contre !


La chronique vidéo BLOODY COUNT du film "Le Venin de la Peur", ici !

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le 23 juil. 2017

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