Le traqué
Le traqué

Film de Frank Tuttle (1950)

Tout se passe à Paris et dans les environs. Tout les personnages sont français (sauf le jounaliste américain) mais tout le monde parle anglais sans doublage. Petite curiosité donc. Des deux acteurs américains, Dane Clark et Robert Duke, je ne savaisrien.
L'exercice, il s'agit d'un jeu de chat (la police) et de souris (le fugitif) assez classique dans sa forme mais qui a l'originalité de montrer des complicités en cascade; l'ex maîtresse du fugitif aidant son ex en se faisant aider pour cela par son nouvel amoureux.
Dane Clark campe bien le bandit sans scrupules. Pas de sentiments avec les faibles ou les faux amis. Il se charcute tout seul le bras pour extraire une balle. Une vraie canaille bien dure quoi! Un méchant bien campé, c'est toujours bon pour la réussite d'un film noir.
Simone Signoret est assez crédible aussi; belle, sensible et sensuelle. Elle est tiraillée par un sentiment de fidélité à son amour passé (il en reste un peu d'attirance sexuelle aussi) et son envie de ne pas gâcher sa nouvelle vie honnête avec son nouvel amoureux, un journaliste américain. Robert Duke, qui ne semble pas avoir fait carrière, joue proprement le jeune journaliste bien propre. Son rôle n'a pas été trop fouillé et c'est dommage; on aurait pu mettre en avant une sorte de déformation professionnelle dans sa démarche et pas seulement son amour pur pour l'entraîner dans une aventure si dangereuse. Tant pis.
Fernand Gravey, en commissaire très «british» est très bien et je dirais même très sobre et très moderne. Le dialoguiste l'a bien servi et c'est aussi un atout du film d'attribuer à chaque personnage un langage bien particulier.
Pour les seconds rôles, on retrouve toujours avec plaisir, Albert Dinan et Edmond Ardisson et j'ai apprécié Michel André que je connais peu et qui est parfait en pleutre.
Cet authentique «film noir», est mis en scène à l'américaine et c'est bien normal. Frank Tuttle a quelques heures de vol. A Hollywood, il a tout tourné depuis le muet, comédies et drames et il compte quelques grandes réussites à son actif (« Tueur à gages », par exemple). A cette époque, ses liens avec le Parti communiste américain, l'avaient mis en délicatesse avec la « Commission des activités anti-américaines » et Hollywood avait préféré l'éloigner un moment. Il est rentré au bercail assez vite après ce film pour répondre de ses actes. Après avoir collaboré comme on l'y enjoignait, il a encore pu tourner quelques films dont le très bon «Colère noire» (Hell on Frisco Bay) et «Cry in the Night» que j'aimerais bien voir.
Si le film avait été restauré comme beaucoup aujourd'hui, le plaisir aurait été total. La copie que j'ai visionnée était bien usée mais, malgré ça, j'ai passé un bon moment.

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le 1 janv. 2021

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