Jerry Lewis incarne un jeune gars timoré qui décide de renoncer aux femmes suite à une déception ; l'ennui c'est qu'il devient homme à tout faire dans un pensionnat de jeunes filles. Pour réaliser ce délicieux fantasme, Jerry passe pour la seconde fois derrière la caméra, car en effet, le succès de son premier film, le Dingue du palace, incita la Paramount à lui donner carte blanche à la tête d'un budget de plus de 3 millions de dollars, ce qui pour l'époque, était plus que bien pour une comédie.
Jerry fit alors construire sur un grand plateau du studio un gigantesque décor en coupe d'une institution de jeunes filles, avec salons, hall d'entrée, chambres et living room. Ne serait-ce que pour ce décor étonnant, le film vaut la peine d'être vu, mais aussi parce que c'est l'un des 4 ou 5 meilleurs films de Jerry réalisateur avec le Zinzin d'Hollywood, Ya Ya mon général, les Tontons farceurs et bien sûr son chef d'oeuvre Dr Jerry et Mr Love.
Comme dans le Dingue du palace, Jerry procède par un scénario en construction à tiroirs qui lui permet de passer du burlesque pur à un comique abstrait, jouant sur les apparences et truffant son récit de clins d'oeil, de références et d'hommages (notamment la présence de George Raft qui parodie son rôle de Rinaldo dans Scarface). Il laisse éclater sa verve comique qui renvoie à la grande tradition de films comme certaines comédies de Howard Hawks (Chérie je me sens rajeunir ou Allez coucher ailleurs) et même certains films de Buster Keaton. Jerry est il faut le dire, parfois exaspérant en tant qu'acteur car il appuie trop son jeu sur les grimaces, mais il est un formidable inventeur de gags, il le prouve ici où en plus il se permet une description choc des relations entre les hommes et les femmes, où le mâle américain en prend un coup ainsi que le matriarcat ; ces variations corrosives voire virulentes sur le paradoxe des sexes sont habilement exploitées tout comme ce fantastique décor où la caméra de Jerry semble faire des mouvements fluides et chorégraphiés.

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le 12 déc. 2017

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