Le Territoire des loups par Galaad
« Le Territoire des Loups » est un survival d'action où l'homme est contraint de faire face à la nature. Carnahan à eu l'intelligence de ne pas donner à son film la forme d'un survival viril où les rescapés du crash se font becqueter un à un par une meute de loups qui a les crocs avant que Liam Neeson ne leur rappelle qu'il a joué dans « Taken » et qu'il est donc prédisposer à leurs botter le cul.
Non c'est beaucoup plus fin et poignant que ça. Dès les premiers plans, immédiatement habités, empreints d'une gravité qui prend direct à la gorge, il est clair que Carnahan a décidé d'explorer un tout autre Territoire. Lorsque l'un des passagers, éventré dans les décombres de l'avion, demande à Neeson ce qui se passe, il ne lui donne pas de réponse hollywoodienne. Non, il lui annonce simplement qu'il va mourir. C'est efficace, violent et direct, c'est du Carnahan ! La scène, déterminante, révèle la vraie nature d'un film dont le sujet ne sera jamais la lutte de ces hommes pour une utopique survie, mais comment chacun va devoir apprivoiser sa propre mortalité, se préparer pour le dernier souffle.
En signant pour incarner le meneur du groupe, un chasseur hanté par le souvenir de sa femme disparue, Liam Neeson retrouve enfin un rôle à la hauteur de son talent.
Ce Territoire des loups mise donc d'avantage sur la capacité du spectateur à saisir les ellipses, à imaginer plus que de raison et à flipper comme un grand dans un environnement hostile où tout est possible - surtout et toujours pour le pire. Planté dans un décor de limbes, suivant les parcours tortueux d'âmes en peine, il révèle une intensité exponentielle, travaillant l'usure, l'attente, l'épuisement physique et moral. Si le traumatisme du protagoniste est dévoilé dès l'ouverture, les autres personnages réservent aussi des surprises, tous aussi bien écrits les uns que les autres et supérieurement interprétés.
Tel un horrible cauchemar dans lequel on ferait du surplace et hurlerait en silence, « Le Territoire des Loups » ne connaît ni baisse de forme, ni montée en puissance. Il affiche une constance oppressante pendant deux heures. Une durée hors norme pour un survival moderne. Mais, en l'occurrence, plus c'est long, plus c'est bon !