Toute la réussite de l’œuvre tient dans son parti-pris : refuser le "réaliste". C'est un véritable cadeau pour un film qui associe des images aussi fortes avec un discours en trompe-l’œil. La force du film, c'est aussi ce qui ressortait magnifiquement dans le court-métrage de Souleiman pour les 60 ans de Cannes : son humour. La mise en scène statique et la durée des plans, le travail sur le son - unique - sur les regards et les déplacements est un bonheur puisqu'il n'y a jamais l’œil du réalisateur derrière mais celui du poète qui effectue cette parabole pour parler un instant d'un feu d'artifice, ou alors d'un champs où tout devient sensation. L'esprit du film aussi, c'est sa fantaisie, sans limite, et son intégrité dans une chronologie qui ne fait que revenir à elle-même sous d'autres coutures, c'est aussi la mise en abîme tendre du cinéaste sur son passé.
En bref, une réussite totale pour un film génial qui semble avoir été un grand oublié.