Dans ce documentaire réalisé par François-Xavier Drouet en 2018, il n’est pas question de déforestation mais plutôt, comme l’explique Marc Lajara, sylviculteur et intervenant, de ''malforestation''. Il faut considérer un grand nombre de critères (plantation, gestion, suivi, abattage, transformation, etc) pour juger de la qualité d’une forêt et en saisir toute la sève (jeu de mots oblige). Trop souvent, la quantité, le rendement de l’exploitation forestière en termes de production, monopolise l’attention au détriment de sa qualité. Un très grand nombre de forêts françaises sont exploitées comme de véritables usines : procédures mécanisées, détérioration des sols par de lourdes machines (dont certaines peuvent peser jusqu’à 40 tonnes), utilisation de pesticides, monocultures (entraînant un appauvrissement des sols), coupe des arbres avant maturité (comme le douglas, coupé en pleine maturation à l’âge de 40 ans au lieu de 80), coupe rase (favorisant l’érosion des sols), etc. Les forêts sont traitées par la grande industrie qui cherche à améliorer son rendement et à maximiser ses profits de façon à tenir tête à la concurrence. Cette même industrie est fortement boudée par de nombreux forestiers qui y voient une exploitation abusive des ressources naturelles, allant à l’encontre des valeurs prônées par une sylviculture durable.


Précisons que le documentaire de F-X Drouet porte sur les forêts françaises. Néanmoins, cela ne doit pas nous empêcher de remettre en question la situation actuelle en Belgique ou dans d'autres pays. Nous regardons habituellement d’un œil bienveillant le monde forestier et les professions qui y sont liées. Mais comme d’autres milieux (alimentaire, agricole), les chiffres flatteurs qui nous sont communiqués ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Gardons toujours à l’esprit que nos actes présents ont un impact significatif sur le façonnement de notre futur.


Le metteur en scène, en posant sa caméra à hauteur d'Homme, met l’accent sur les acteurs de ce monde, évitant ainsi de tomber dans une certaine mystification de la forêt et de donner à son documentaire une connotation irréaliste. Cette insistance renforce la dimension humaine de ce milieu sans pour autant négliger la Forêt avec un grand F, qui reste très imposante et majestueuse, le tout sublimé par la musique de la nature et du silence. On entend et comprend les points de vue que présentent les différents intervenants. Le Temps des forêts remet en question, ouvre au débat. Après son visionnage, la question que nous sommes en droit de nous poser, comme le soulève François-Xavier Drouet, est : '' Quelle forêt voulons-nous pour demain ? ''

trooper
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le 22 déc. 2019

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