Dépaysement

Sélectionné à la semaine de la critique des court-métrages, je peux dire à présent que j'ai vu l'intégralité des films dans cette catégorie que le soldat vierge est pour moi le grand vainqueur de cette compétition. Commençant par la certaine agonie d'un personnage, il y a derrière cet enjeu comique (un soldat qui a pour dernière volonté de perdre sa virginité) un traitement lyrique, onirique et tragique. Prenant le choix de se concentrer sur la vie d'un homme plutôt que sur le contexte, la guerre n'est pas présenté. Nous ne connaissons pas les opposants, ça a l'air d'être une guerre civile vu que les deux opposants ont la même tête (bouh racisme) mais parlent aussi la même langue avec le même accent.

Le mystère règne, la spiritualité aussi. Avec cette déesse japonaise (avec une gueule européenne) qui nous émerveille durant les quelques minutes où elle apparaît. Et cela confirme que l'actrice l'interprétant, Maud Wyler, possède une présence incroyable au cinéma.

Mais ce qui choque le plus dans le soldat vierge, c'est bien cette façon de filmer la nature française. Souvent montrée de manière dégueulasse, je ne l'ai jamais vue aussi belle dans le cinéma français. Et cela colle parfaitement au personnage qui, lors de ses dernières heures, souhaite être "émerveillé". Une poésie incroyable s'en dégage alors. Agrémenté par quelques moments des touches comiques de ces soldats du camp adverse, espionnant le héros et son partenaire, et faisant des commentaires réduisant la guerre à une simple rigolade, alors qu'en face, un homme se meurt, et délire.

Et tout finit comme ça avait commencé, par la poésie, le dépaysement. Ça n'a duré que 39 minutes, j'aurais voulu que ça dure 3 heures. Du grand cinéma, déjà.