Hakujaden (1958) n’est pas l’oeuvre de japanimation la plus ancienne que j’aie vue mais elle marque un tournant en étant le plus ancien film de Toei, la première vraie compagnie d’animation du pays.


Son fondateur, Okawa Hiroshi, souhaitait devenir le Disney de l’Orient et dès sa bande d’annonce, Hakujaden est présenté comme un effort japonais important, et le premier long-métrage nippon entièrement en couleur.


L’influence américaine est fort visible. Déjà, l’animation est fluide, le concept d’animation limitée n’existe pas encore, et calquée sur des mouvements d’acteurs réels en ce qui concerne les humains. Le film reprend aussi l’obsession Disney pour les animaux, alors qu’ils ne sont pas vraiment indispensables. Enfin, nous avons droit à des parties chantées (oh non...) mais heureusement cette envie d’ornement vocal est oubliée après les débuts.


Hakujaden n’est pas un copier-coller de Disney sans saveur cela dit. Il présente des arrières-plans naturels d’un style typiquement oriental. Certaines scènes ont aussi une composition intéressante, avec l’utilisation de plusieurs ‘couches’ de plans dans lesquels les personnages entrent et sortent (apparition d’un visage derrière un bâtiment, allées et venues derrière un muret,...). Il y a aussi une ou deux scènes tripantes dans l’espace plutôt originales (en particulier le duel entre bonze et yokai).


De manière générale, Hakujaden n’est pas une oeuvre cinématographique très inspirée mais l’animation s’avère solide tout du long. Même si quelques noms plus connus, comme Yasuo Otsuka, ont fait leur début ici, les deux principaux noms associés à sa réalisation sont Akira Daikubara et Yasuji Mori, les deux membres plus accomplis du studio.


Malgré ses qualités, le film n’est pas très captivant et ce surtout à cause de son scénario. Hakujaden s’inspire d’un conte chinois et présente une histoire d’amour avec des thèmes simples : pureté des sentiments, sacrifice et préjugés. Pas un mauvais choix mais le problème que Toei ne sait pas vraiment quoi en faire : après une mise en place très basique de l’histoire, les développements peinent à former un tout engageant, ou même cohérent. Ni très étoffé par ailleurs car pour remplir ses 78 minutes, il décide de créer une trame annexe assez inutile avec les animaux mascottes.


Par ailleurs, même si les dialogues sont peu nombreux, on notera que les moyens donnés au doublage sont limités, avec seulement deux voix disponibles pour couvrir tout le casting. L’effort des deux personnes, Mariko Miyagi et Hisaya Morishige, pour rendre chaque rôle distinct est fort louable mais atteint ses limites une fois arrivé aux figurants, qui sonnent bizarrement.


Hakujaden est donc une production significative, qui va d’ailleurs marquer le jeune Hayazo Miyazaki, plutôt bien foutue mais un peu longuette, et je pense qu’elle m’aurait davantage plu en tant que court-métrage.

Skidda
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le 26 févr. 2022

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