Fair Game, encore un de ces films réalisés pendant la période 10BA durant laquelle le cinéma australien produisait à peu près tout et n’importe quoi n’importe comment. Fair Game, donc, est une pure bisserie de 1986 réalisé par Mario Andreacchio, un réalisateur peu connu et doté d’un cast relativament obscur. On découvre donc la jolie Cassandra Delaney (l’héroïne de One Night Stand de John Duigan et qu’on reverra dans un rôle très mineur dans la série TV Vietnam de Kennedy Miller) et, face à elle, le fourbe Peter Ford (un tout petit rôle dans Mad Max) et ses deux comparses odieux, David Sandford (vu dans The Cowra Breakout) et Garry Who (vu euh…). Le scénariste et les producteurs sont également des gens qui n’ont pas vraiment marqué l’histoire du cinoche australien. En fait, tout semble faire de ce Fair Game une série B opportuniste, dont l’effort consistera globalement à rapatrier l’intrigue classique des rape & revenge US dans le contexte de l’Australie. Voila donc l’histoire d’une jeune fille qui s’occupe d’un refuge pour animaux terrorisée par une bande de roo shooters conduisant une grosse bagnole un peu moche censée faire peur. Il y a bien là quelque chose de profondément australien dans cette situation, la jeune fille du bush confronté au mateship masculin, destructeur et toxique, les trois connards qui pensent maitriser leur environnement et qui finalement sont pris en chasse par une figure vengeresse, faisant corps avec la nature… une sorte de Wolf Creek inversé où se catapulteraient Long Weekend et Wake in Fright. Bon, restons souple, le film est loin de proposer autre chose qu’une bisserie vaguement vulgaire et relativement agréable que la photo d’Andrew Lesnie tire vers le haut tandis qu’Ashley Irwin, le compositeur, habille le film d’un soundtrack franchement rocambolesque. Alors, j’ai rien contre la fantaisie et les idées un peu fofolles, mais quand même. Le décalage entre les images et la musique est tel que par moment on se dit qu’un tel grand écart va créer un vortex qui nous avalera tous. Un grand vortex sombre et qui sent pas très bon. Bref, je suis vraiment pas fan de cette musique qui turbine dans le nawak. A coté de ça, on en a pour notre argent question cascades, supervisées par Glen Boswell (qui débuta sur Mad Max 2 puis enquilla une carrière monstrueuse) et qui enchaine les prouesses avec une régularité parfois un peu artificielle. Un brin pusillanime dans ses tentatives de choquer le spectateur, que ça soit dans les sévices que la faune subie, dans les outrages imposés à la jeune fille ou dans la vengeance qui s’abattra sur les trois andouilles, cette série B reste donc un peu timide et semble s’affoler en dévoilant un téton et demi. Au final, Fair Game est une sorte de spectacle vaguement sympathique mais trop frustrant pour être satisfaisant. Bien sûr, comme une vieille pelloche sur deux de cette époque, il s’agit du film préféré de Tarantino… Bon. C’est clairement pas mon cas et cette approche ni vraiment violente, ni vraiment sérieuse, accouche d’un film timide et qui fait tranquillement chier le spectateur poli qui attend la fin du générique pour s’empresser d’oublier tout ça. Dommage car il y avait là matière à faire quelque chose de chouette.

MelvinZed
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le 25 sept. 2020

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