Le Royaume des chats est un film bourré de défauts, qui vise un public jeune et qui est finalement assez léger. Mais c'est aussi le premier film des studios Ghibli que j'ai vu et ça fait toute la différence. Son charme opère sur moi aujourd'hui alors que j'ai vingt ans de la même façon que lorsque j'en avais huit.
Par son scénario sans surprise et enfantin Le Royaume des chats a la réputation d'être un film uniquement pour les enfants. En effet, on y retrouve une grande part de manichéisme notamment dans le personnage du chat sans cœur qui dirige son royaume de façon totalitaire et du chat extrêmement élégant, gentil, fort, beau, galant qu'est le Baron. Pourtant on retrouvera dans Mouta un personnage plus ambivalent.
L'histoire fait preuve de peu d'originalité (cette dernière représentée par les chats, leur royaume et le Ministère) et reste donc assez basique.
Nous avons donc affaire à une fille un peu perdue, qui a du mal à s'assumer et qui un jour est enlevée pour être mariée à un prince. Il y a aussi quelques facilités d'écriture comme le fait que Blanche puisse s'adresser à Haru par delà leur deux mondes et les dialogues sont assez simplistes.
Mais Le Royaume des chats peut être bien plus que ça si on se laisse emporter par sa magie et touché par son message. Son message est en effet plus subtil qu'il n'y paraît et peut atteindre un public plus large qu'il n'y paraît. Haru, pendant toute son aventure, ne fait que grandir (mentalement) et finalement réussie à s'accepter telle qu'elle est. Je pense que l'acceptation de soi peut se faire à douze ans comme à dix-sept ans comme à vingt ans voire même à cinquante ans. Tout dépend de notre maturité et c'est bien ce que nous fait comprendre le film à la fin lorsque Haru s'écrit à l'attention du Baron : "Baron ! Il faut absolument que je vous le dise ! Je crois que je suis tombée amoureuse de vous !". Tout de même ! C'est une gamine qui avoue son amour à une personne, chat certes, beaucoup plus âgée qu'elle (c'est un moment fort, beau et grand qui dépasse les préjugés que nous inflige la société sur l'âge et l'amour, non ?). Ce qui prouve définitivement qu'elle a gagné en maturité. Certains y verront un moment romantique touchant (ou agaçant) mais les choses sont parfois plus que ce qu'elles paraissent.
De même pour la scène où le Baron danse avec Haru. C'est le déclic pour cette dernière qui comprend qu'elle ressent quelque chose de spécial pour le Baron. Elle n'arrive pas à mettre les mots dessus et le public enfantin ne comprendra pas forcément qu'elle est en train de tomber amoureuse. Là encore c'est un moment clé dans l'évolution de l'héroïne qui n'avait jamais ressenti ça auparavant et qui commence à s'avouer à elle-même ses sentiments. De plus, le fait que le Baron soit masqué à ce moment là montre que Haru ne s'attache pas au physique et dépasse sa superficialité (dont elle fait preuve au début du film envers un des garçons de sa classe qui est "beau" et "fort"). Je ne pense pas qu'un enfant pourra comprendre cela et il ne verra le Baron que comme un chat et non comme une personne plus âgée que Haru.
Tout ça pour dire que le film ne s'adresse pas uniquement à un public d'enfants qui ne comprendra pas vraiment ce qu'est l'acceptation de soi et qui ne percevra que partiellement l'évolution du personnage principal.
En fait, ce film me touche à vingt ans d'une façon différente que lorsque j'en avais huit. A huit ans je ne voyais le film que de façon artificielle et je le regardais parce que j'aimais beaucoup le personnage du Baron. Haru finalement ne m'intéressait pas tant que ça et d'ailleurs je la trouvais plus belle en chat qu'en humaine... Aujourd'hui je suis contente de pouvoir voir ce film autrement.
Il a beaucoup de défauts notamment dans la simplicité de l'intrigue et ne vaut pas la moitié des films des studios Ghibli mais il comporte beaucoup de charme et de fraicheur et fait preuve d'intelligence.