J'ai décidé de revoir tout les films de mon top 10 et d'en faire des critiques. Donc voici le premier film que je viens de revoir pour la je ne sais combientième fois. Film de mon enfance, film de mon épreuve d'histoire de l'art en 3ème et film que je revois au moins une fois par an. Difficile de parler d'un film qu'on aime autant. Impossible d'être objectif, il va falloir trouver un juste milieu entre être dans l'éloge facile et analyser chaque scène du film.


Petit rappel historique : en 1936, le sieur Paul Grimault fonde la société de production les gémeaux, grâce à laquelle il réalise divers courts-métrages d'animation et assoit sa notoriété déjà un peu établie dans l'animation française. Voulant marquer un grand coup, Grimault et son pote Prévert veulent réaliser le premier long métrage d'animation français. En 1952 sort le film "La bergère et le ramoneur" à une époque où Disney possède un quasi monopole sur le marché. Le film sort donc entre Alice au pays des merveilles et Peter Pan et doit souffrir de la comparaison. Malgré des moyens importants mis sur la table, le projet tourne au fiasco, à la guerre interne au studio et le film est désavoué par Grimault et Prévert et fait couler le studio, ainsi que Paul Grimault qui abandonne ici le cinéma. Grande perte d'argent et de talent que ce premier long métrage d’animation français.


Mais Grimault, malgré l'âge, la mort de Prévert, et le premier échec rachète les droits de son film et lance une nouvelle version, prêt à tout pour se venger. Le roi et l'oiseau se compose donc d'anciennes scènes du premier film et remonte un nouveau film avec, nouveau film qui sort en 1980 sous le titre "Le Roi et l'Oiseau".


Le film s'ouvre par une musique qui me bouleverse à chaque fois, annonçant le début de ma madeleine de Proust personnelle. Le générique nous donne les trois noms qui ont fait la force du film : Grimault à la réalisation, Prévert au scénario/ texte, et Wojciech Kilar à la musique. Kilar, compositeur contemporain polonais au style très classique et symphonique qui composera ensuite les musiques du pianiste de Polanski, du Dracula de Coppola et de fantôme avec chauffeur de Gérard Oury.
Sur ce arrive l'une des forces du film : l'oiseau, interprété par Jean Martin, c'est cet oiseau au style lyrique et emphatique qui va nous introduire cette histoire véridique, parfaitement elle est véridique, il l'a vécue.


L'histoire est donc celle du destin croisé de cet oiseau (ennemi intime du roi vivant avec ses 4 enfants sur le toit de sa chambre), du roi tyrannique et absolu, et de deux jeunes amoureux, une bergère et un sale petit ramoneur de rien du tout (de rien du tout !), luttant contre le roi qui veut épouser la bergère. L'important dans ce film est sa poésie. Elle est à la fois visuelle (les magnifiques animation de Paul Grimault, à peine vieillie) et orale (le texte de Prévert, par exemple dans la scène de l’ascenseur, qui est un poème à lui tout seul). La trame principale est assez basique, mais le film passe son temps à faire des détours pour amener des scènes poétiques, des références bien senties et autres idées chères aux deux auteurs. Cela donne au film effectivement un côté bricolé, la trame de la version de 52 remplie de digressions. Mais cela est rattrapé par le nombre de références, clins d’œil et sens cachés disséminés.


Le film fait à la fois référence à un paquet d’œuvres picturales et de sculptures, a un propos sur le monde du travail et l'aliénation des travailleurs, ainsi que sur le marché de l'art, il invoque à la fois les temps modernes de Chaplin et le souvenir des camps de concentration. Il a aussi un message sur la place de la musique avec le musicien aveugle, et de pleins d'autres choses. A chaque revisionnage, le film montre de nouveaux détails.


Je pourrais en parler pendant des heures d'accord, mais le film a t il des défauts ? Puis-je en trouver dans mon film préféré ou ne suis-je qu'une merde subjective ? Non le film a des défauts :
-Son rythme : comme dit plus tôt le film a une trame principale et tout pleins de digressions ce qui rend le film parfois un peu lent.
-le film est parfois pas très beau : le film a vieilli certes, mais même pour l'époque il est pas au top. Certaines scènes sont vraiment très moches et certains plans semblent vides.
-Le scénario : il n'a pas toujours beaucoup de sens au premier degré, si l'histoire invoque pleins de sens cachés, la trame principale est assez pauvre, et le changement de roi n'a par exemple aucune utilité et casse même un peu la poésie du roi amoureux de sa peinture.
-Quelques erreurs : celle qui m'a toujours surpris est quand les deux amoureux entrent dans un pièce étant un cul de sac qui se referme derrière eux (ils sont en prisons) et l'oiseau est en prisons derrières les barreaux qui viennent d'apparaitre là où ils sont entrés, il ne peut y avoir deux cellules ainsi disposées (oui je chipote).


Mais le film a tout pleins d'autres qualités et énormément de scènes qui restent ne mémoire pour toujours, donc si vous l'avez pas vu, foncez !

Créée

le 4 août 2019

Critique lue 317 fois

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Donatien Mourey

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