« We beat Godzilla for you. » SHOICHI TSUKIOKA

En 1954, lors de sa sortie dans les salles des cinémas japonais, Gojira rencontre un joli succès auprès du public. Le producteur Tomoyuki Tanaka lance donc très rapidement la mise en chantier d'une suite alors qu'il n'avait jamais été question à l'origine de produire d'autres films de monstres géants à la Toho. Heureusement, bien que la créature soit détruite à la fin du premier film, celui-ci laissait la porte ouverte sur l'éventuelle apparition d'autres créatures.

Gojira no Gyakushu va se faire si vite qu'il sortira au Japon seulement six mois, en 1955, après la distribution de son aîné. Une nouvelle fois, on fait appel à l'auteur de science-fiction Shigeru Kayama pour poser les grandes lignes de l'intrigue alors que Takeo Murata (déjà scénariste sur Gojira), épaulé par Shigeaki Hidaka, l'étoffe pour aboutir au scénario définitif.

Mais, et c’est très regrettable, Ishiro Honda, réalisateur de Gojira, s'est éclipsé pour mettre en boite son Koi-gesho et ne va pas participer à la réalisation de ce deuxième film de la franchise. C'est Motoyoshi Oda qui va le remplacer pour la mise en scène.

Dans l'épilogue du premier film, le personnage de Takashi Shimura annonçait l'arrivée probable de nouveaux monstres. Le scientifique évoquait d'autres guerres et d'autres menaces aussi imposantes que les bombes nucléaires. Le comédien reprend son rôle mais il n'apparaît que très peu dans le film. Son personnage sert surtout de lien et permet d'introduire quelques minutes spectaculaires du premier film. Le film marque donc la première apparition du second et principal Godzilla (le premier étant mort dans le premier film) qui apparaîtra par la suite dans une bonne partie de la franchise. Il marque aussi la première apparition de Anguirus, le second monstre créé par la Toho. Contrairement au film original, les monstres ne sont pas filmés au ralenti pour leur donner une certaine importance. Il en découle une sorte de mouvement accéléré très inhabituel pour des monstres de cette envergure.

Si Motoyoshi Oda abandonne le traitement visuellement presque documentaire du premier film, il adopte tout de même quelques curieux choix de mise en scène. Par exemple, les images d'archive du premier film, dont je vous parlez un peu plus haut, sont montrées sans aucun son, de façon à renforcer l'aspect authentique du document. Plus tard dans le film, une autre séquence spectaculaire, filmée de loin, sera présenté de façon quasiment silencieuse. Ces quelques séquences interpellent et, dans le même temps, donnent étrangement un côté imposant à ce que l'on nous montre. Voilà qui fait partie des rares surprises. Car, pour le reste, le film développe un canevas très classique, que ce soit pour les monstres ou les petits humains. Hormis les apparitions de Godzilla et Anguirus, le film fait un peu dans le mélodrame avec ses pilotes romantiques.

Le film original était empreint d'une ambiance sérieuse, voire même carrément noire. Dès cette première suite, la série va se montrer plus légère. On pose les bases des films à venir. Pour la première fois, Godzilla est confronté à un adversaire à sa taille. Cela permet ainsi de filmer des pugilats de monstres se roulant sur des maquettes. Cela entame d'ailleurs sérieusement le ton réaliste du premier film. La thématique du nucléaire, des armes de destruction massive et les dilemmes scientifique, les scénaristes préfèrent les oublier pour se concentrer sur deux intrigues assez linéaires.

Soyons honnête, le film n'est vraiment pas à la hauteur de son modèle, cherchant surtout à reproduire la forme plus que le fond. A l'origine, la Toho n'avait pas réellement l'ambition d'installer une série cinématographique à même de continuer à forger la légende de Godzilla. Pour preuve, il va s'écouler sept longues années avant que le monstre ne revienne sur les écrans des cinémas.

Globalement, on ne peut s’y tromper : Gojira no Gyakushu n’est pas un très bon film. Sa propension à limiter la portée de son scénario en se fourvoyant dans des hors sujets et sa construction même témoigne d’un film conçu à la va-vite. Ainsi, nous ne sommes plus dans la noirceur du premier Gojira, et nous ne sommes pas encore dans le côté cartoon assumé des films suivants. 

StevenBen
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le 8 avr. 2024

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Steven Benard

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