Le Religieux de Monza par Bung

Toto est un petit cordonnier qui ne sait faire que des chaussures droites, mais de travers. Alors, gagnant peu, il s'endette, et prend la fuite. Il se planque dans un monastère, et au gré de ses voyages, atterrit dans un château où un veule marquis séquestre la gente demoiselle fruit de sa concupiscence.

L'Italie et la religion n'en finissent pas de s'entredéchirer. Dans un très charmant ballet où l'un et l'autre se poussent et se repoussent en se tirant l'un vers l'autre, les artistes, en premier lieu les cinéastes du néo-réalisme, s'emparent du conflit pour compter les points et en mettre, au passage, quelques-uns dans la face de la religion si chère à leur patrie d'origine.

Alors que certains préfèrent s'attacher à une forme plutôt contemporaine de ce genre de pamphlet, Toto revêt les frusques d'un cordonnier de la renaissance (à peu près) pour mieux se moquer, et ce de l'intérieur, des gabegies des ecclésiastiques, accompagné pour cela par des nonnes et un curé neuneu.

Il a le mérite de raconter une histoire et celui de faire sourire. Il a également la mauvaise inspiration d'en faire un peu trop, parfois, souvent, ou de ne pas, peut-être, savoir éviter les affres du temps. En témoigne la bagarre de fin, sommet d'amateurisme et de mauvaise mise en scène, gâchant franchement tout le travail fait jusqu'alors. J'aime le grotesque, le côté un peu "over ze top" de la mise en scène, ce petit côté théâtral qu'on admire chez les plus grands, cela ne me dérange guère. Mais encore faut-il que mon oeil ne soit pas vexé, à son humble niveau, par le superfétatoire des défauts qui se voient que trop bien.

On (mon oeil est toujours concerné, oui) appréciera tout de même la belle photographie, de là que des petits gouailleurs mécréants prétendent que c'est d'la chance parce que la bobine a bien vieilli... Je vous l'accorde bien volontiers, monstres.

Petite aventure au pays des tire-aux-flancs se réfugiant au monastère pour échapper à une vie misérable, ce film offre un voyage attachant gâché par le surjeu mal géré et cette fin vraiment navrante dans sa forme.