Quartet est à la Grande-Bretagne ce que Quatuor est aujourd'hui aux USA. Pas d'humour à la sauce british ni de sexagénaires en pension, mais des rivalités au sein d'un quatuor à cordes. Quand l'un des membres annonce aux autres qu'il est atteint de la maladie de Parkinson, de vieilles rancœurs vont resurgir et chacun devra se remettre en question.

Il est toujours nécessaire pour un orchestre de s'échauffer avant le grand saut. Les instruments s'accordent et le « la » doit être donné. Le Quatuor lui met un peu trop de temps à se chauffer pour enfin, entrer dans le vif du sujet. Nous pouvons comprendre que le réalisateur soit passionné par la musique classique, et plus particulièrement les quatuors à corde, mais son film nous surcharge de ce genre musical, de sorte qu'il en devient indigeste.

Il y a bien certains propos intéressants à analyser ici et là, comme l'identité même d'un quatuor (quel est le rôle de tel violon, etc...), ou l'influence que la musique peut avoir sur l'existence de passionnés, mais l'ensemble est quelque peu prévisible et pesant. Beaucoup d'histoires de cœurs diminuent la puissance émotionnelle et psychologique du Quatuor. Seul Walken arrive à s'en tirer vraiment en jouant un homme de valeur au passé douloureux, désabusé en voyant ce que devient sa formation musicale.

Le casting a beau être prestigieux (Keener, Hoffman, Walken), aucune performance n'est à retenir. On conçoit aisément que l'importance ici n'est pas l'individuel mais le collectif, mais nous pouvons insister en affirmant que de tels acteurs n'avaient pas forcément leur place dans ce film très anecdotique. Tout est finalement trop propre et mathématiques pour que nous puissions apprécier cette musique et la passion de ces artistes à leur juste valeur. L'impression qu'ils se fassent plaisir sur scène ne se fait pas ressentir, l'empathie est donc impossible.

Pour couronner un ensemble moyen, le final est trop long et n'est pas abouti d'un point de vue cinématographique. Pourquoi ? Tout simplement parce que Zilberman s'entête à vouloir hacher un morceau de Beethoven durant quarante minutes avec des fondus enchaînés incessants. Résultat, la magie que la scène devrait procurer n’apparaît à aucun instant, mais le pathos de mauvais goût lui, ressort de manière trop flagrante. Pourvu de bonnes idées, Le Quatuor finit sur une mauvaise note.
Hugo_Harnois_Kr
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le 10 févr. 2014

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Hugo Harnois

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