On comprend bien pourquoi ce film a été censuré de longues années.
Bah c'est qu'le Gabin il parle mal hein ! V'là qui t'fout des torgnoles dans la gueule, qui remballe du mafieux et t'emballe de la minette en moins de deux !
Le film nous présente aussi une faune nocturne sauvage et broder line, qui n'est pas sans rappeler un Taxi Driver plus soft et plus ancien. Carné magnifie ce monde de la nuit et ces personnages extravagants par un choix d'acteurs irréprochable (Gabin en tête, voir plus haut, Simon royal en personnage juif détesté de tous, prouvant le quotidien antisémite de la France d'avant guerre, Brasseur en mafieux lâche et un peu faiblard sur les bords) qui déclament à merveilles les dialogues fins et ciselés d'un Jacques Prévert qu'on aurait aimé voir plus au cinéma.
Grâce à une caméra révolutionnaire, moderne et habile, on suit sans grand effort la virée funèbre de ce déserteur qui s'éprend d'une jeune fille. Michèle Morgan et ses yeux ("T'as d'beaux yeux tu sais ?") nous marquent à vie et on repense encore tout ému à l'histoire d'amour entre ces deux personnages charismatiques, histoire rêvée, qui finit tragiquement, dans la douleur et la violence. Portrait au vitriol d'une France hors-la loi Le Quai des Brumes reste un chef d'oeuvre fondateur du cinéma français.

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le 11 févr. 2015

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Charles Dubois

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