Magnétique huis clos judiciaire

Le déroulé de ce procès -- mis en scène avec le parfait équilibre entre minutie de la reconstitution et rythme soutenu, ciselant ces morceaux choisis parmi les témoignages, réquisitoires, plaidoyers, joutes verbales et sorties impromptues de son protagoniste principal -- s'avère autant réjouissant par la verve déployée qu'édifiant quant aux fondamentaux de ce que devrait être l'institution judiciaire si elle veut se recommander de la "Justice" ; et comment la dévoyer amène un délitement moral tournant au ridicule, en plus contreproductif où charger abusivement un bien possible (bien probable ?) coupable fini par lui donner le beau rôle... Il interroge plus profondément encore la notion de culpabilité, de conviction, de jugement (dans son sens général). Et dresse un portrait haut en couleurs d'un égaré portant avec une fougue fiévreuse un idéalisme de pacotille chevillé au corps, porté en icône idéologique malgré lui, nous renvoyant comme un miroir grossissant, sous forme de caricature grotesque, la façon dont nous humains pouvons nous enticher de pseudo-idéaux et nous justifier nos comportements même les plus méprisables avec toujours de "bonnes excuses". Porté par un Arieh Worthalter habité comme jamais, où l'on ne peut distinguer qui du personnage historique ou du jeu d'acteur porte le plus ce magnétisme trouble.