Coucou regardez-moi je me crois intéressante, je suis l'élue même si je n'ai rien fait du film

L'affiche vendait du rêve avec son accroche disant que chacun sait que l'Holocauste a existé mais que l'héroïne va devoir le prouver... Et là je flaire le navet à des kilomètres. On t'explique dans le film que ce n'est pas bien de mentir pour servir tes propres intérêts, mais le film ne se l'applique même pas à lui-même ou à sa campagne de pub. Ici non seulement l'héroïne ne prouve rien, mais en plus elle ne fait rien du tout...


C'est ça qui est juste génial dans ce film, au sujet assez sensible je le reconnais, c'est comment il arrive à se flinguer lui-même et à desservir totalement sa cause. Je regarde ça, je vois une fille totalement hystérique qui refuse de débattre avec un homme qu'on dépeint comme le mal absolu (il est moche, il est raciste, antisémite, négationniste, néo-nazi et j'en passe) et qui n'a aucun argument à lui opposer.


Parce qu'en fait ce que l'affiche ne dit pas, c'est que le film traite d'une banale histoire de diffamation, où l'auteur de la diffamation est montrée comme la victime, et la victime comme un bourreau. Il n'est pas question réellement de prouver l'existence de l’Holocauste... Alors j'ai fait un petit tour sur la page Wikipédia du fameux David Irving, envoyé de Satan sur Terre et effectivement il n'a pas l'air hyper net comme gars. Donc faire un film pour dire qu'il est raciste, c'est un peu tirer sur l'ambulance mais surtout ça ne prouve en rien ce que l'affiche nous avait promis.


D'ailleurs dès qu'il est un peu question de savoir si l'Holocauste a réellement existé ou non, l'héroïne se met à chialer et dit "on avait dit que le procès ne serait pas sur l'existence ou on de l'Holocauste...", le sujet est totalement fermé. Et c'est logique, on n'a pas le droit légalement de nier la Shoah, il devient donc inenvisageable pour le film de se la jouer cartésien en doutant de tout avant de reconstruire son savoir à partir des faits pour parvenir à la vérité. Elle juge négativement un type qui veut aller à Auschwitz pour être sûr, pour voir la scène de crime afin de l'analyser (type qui sera convaincu car il a marché sur un barbelé... qu'on m'explique le rapport...). Mais le plus drôle reste que cette bonne femme est présenté comme une femme forte qui ne fait pas ce qu'on lui dit, elle accepte même de boire du vin alors que son avocat lui dit non (quelle rebelle), alors qu'en réalité elle insulte un type (à raison on dirait bien), elle va au procès, n'a que des idées de merde pour se défendre... on lui dit de la fermer... elle la ferme... et elle gagne grâce à ses avocats. Elle ne fait rien d'autre que d'être hystérique durant tout le film.


Elle s'énerve même en disant qu'on a plein de preuve et que ces preuves c'est les témoignages des survivants... ce à quoi l'avocat lui répond qu'un témoignage n'est pas une preuve (et qu'il ne faut pas les exposer à un type qui ne rêve que des détruire des survivants) alors mécontente elle quitte la pièce ! Quelle rebelle. Quel sang froid. Alors que ce que dit son avocat est parfaitement logique. Mais on voit bien dans le film qu'elle est que dans le sentiment et incapable de raisonner calmement.


Elle n'est tellement pas dans la science contrairement à ce qu'elle prétend qu'elle se met à prier en hébreux à Auschwitz. Je vois mal un historien s'agenouiller avant d'aller étudier une église. D'ailleurs le champ lexical employé pour parler d'Auschwitz est religieux...


Moi tout ça me gène, parce qu'en plus le film est assez maladroit pour ajouter une scène avec le copain d'un personnage secondaire qui doit avoir deux répliques dans tout le film et qui dit qu'on s'en fout un peu, qu'il y a plus important dans la vie que la Shoah, la copine s'énerve alors pour lui dire que non c'est terrible et le montage laisse suggérer qu'entre le copain qui s'en fout de la Shoah et qui en a marre qu'on lui casse les pieds avec ça et le négationniste, raciste, misogyne, antisémite il n'y a qu'un pas...


Merci pour la nuance et la subtilité, Mick Jackson.


Tout ça se termine dans un faux suspens, avec des gens super heureux alors qu'ils n'ont rien prouvé du tout... Mais les gentils ont gagné contre les affreux fascistes, on balance des réponses toutes faites à ceux qui pourraient prétendre qu'on a attaqué la liberté d'expression de David Irving et voilà, emballé c'est pesé. Un film pour rien... Un film pour rien parce que rien n'a été présenté, on a bien discuté d'une photo montrant des trous dans un crématoire, etc, mais c'est très connu et surtout le film donne le contre-argument à cette photo montrant qu'il peut y avoir un doute sur ce que l'on voit réellement sur la photo... Quand je dis que le film se saborde lui-même.


Je ne sais même pas si le film part d'une bonne intention tant le sujet de départ me semble nul à chier... effectivement, pourquoi traiter de ce procès là ? C'est juste une question de diffamation, on ne prouve en rien l'existence de la Shoah, on dit juste que le type a menti sur 25 points historiques (on ne saura jamais lesquels) et ce n'est même pas pédagogique, mais bel et bien dogmatique... C'est un film qui te fait bouffer le dogme en te disant ça c'est les méchants, ça c'est les gentils, souviens-toi de voter Hillary...


Puis le film raconte n'importe quoi, à la fin on retrouve l'héroïne entrain de causer à ses élèves en leur disant qu'elle pouffe lorsqu'on lui dit que si on était allemand en 1940 on aurait résisté, etc. Elle oublie totalement dans ce passage que l'Allemagne était le pays des allemands... et que par conséquent qu'il n'ont pas à s'en prendre à leur propre pays... Tout comme dans ce beau navet on oublie qu'il n''y a pas que les juifs qui ont été massacrés à Auschwitz et par les nazis de manière générale... Rien que le terme d'Holocauste qui est utilisé dans le film exclut totalement les tziganes, les homosexuels, etc. Il n'en est d'ailleurs absolument jamais question.


Ce film devient donc un énième navet manichéen sur la question, non maîtrisé et ne s'interdisant aucune bassesse afin d'inculquer son propos à des gens qui de toute façon sont de toute façon d'accord... Je pense que dans quelques années ça sera pleinement considéré comme un film de propagande, car au niveau de la caricature du vilan révisionniste/négationnisme/misogyne/raciste/antisémite/néo-nazi/admirateur d'Hitler on n'est pas loin de ce que pouvait produire Goebbels.


Pour parachever le ridicule du film, l'héroïne, qui ne fait RIEN de tout le film, faut-il le rappeler pense qu'elle a un destin à cause de son prénom, qu'elle est "chosen". Si ce n'est pas le comble de la connerie...


Je devrais être consterné vu le sérieux du sujet et comment il est traîné dans la boue par une équipe de bras cassés, mais franchement le résultat est tellement drôle qu'il en vaut presque le détour comme un nanar de compétition !

Moizi
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le 27 févr. 2017

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