The Long Goodbye
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le 6 sept. 2014
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Le Privé est à peu près fidèle au caractère récurrent de Marlowe, avec des nuances. Plus indifférent qu’écœuré par l'hypocrisie ambiante, il est sauvé (dans un premier temps) par l' humour pince-sans-rire et l'élégance de son interprète Elliott Gould. Mais loin d'avoir la perspicacité du héros du livre de Chandler, incarné une fois pour toutes par Bogart, le Marlowe interprété par Elliott Gould se montre notoirement incompétent.
Fournisseur de pâté pour chat pour le plus clair de son activité, il se montre dédaigneux des jeunes filles qui occupent l'immeuble d'en face, pourtant topless toute la journée et lui parlant gentiment. Altman était-il un poil misogyne?
Marlowe se voit confier au début une enquête difficile par une riche et belle blonde. Il doit retrouver son mari disparu, l'écrivain Roger Wade. Vient se greffer ici la deuxième enquête. Alors que son meilleur ami, profondément griffé au visage, lui a demandé à 3 heures du matin de l'aider à fuir en vitesse vers le Mexique, on apprend le lendemain que la femme de celui-ci a été retrouvée morte assassinée. Qui a bien pu être le coupable? (suspense insoutenable).
On apprend donc ici que Philip Marlowe est le Privé (à moins que ce ne soit le chat). Ce qui n'est pas si évident à la réflexion. Certes il résout la première enquête. Mais il faut convenir qu'il n'était pas trop dur de retrouver le mari alcoolique qui se trouvait en traitement dans le centre de désintoxication le plus proche.
En revanche, pour la deuxième enquête il a toujours un temps de retard et se fait balader par tout le monde: par la belle blonde qui le fait courir au sens propre du terme, par les gangsters qui le remercient ironiquement après avoir récupéré leur magot, par son meilleur ami évidemment, ...et par le chat qui s'est échappé. Est-ce voulu par Altman? Probablement quand on connaît le reste de son oeuvre marqué du sceau de l'humour. Mais il est quand même frustrant de suivre un tel anti-héros.
Car sa présence même est désastreuse, du fait de son indifférence au monde qui l'entoure,la chose primordiale pour lui étant de retrouver son chat. Ainsi l'écrivain alcoolique, caricature outrancière d'Hemingway, se suicide en se noyant quasiment devant ses yeux. De même la petite amie du gangster est salement amochée d'un grand coup de bouteille au visage à cause de lui,sans qu'il esquisse le moindre geste, même s'il avait entre autres face à lui ... Schwarzenegger. En plus d'être un vrai looser, il est donc néfaste pour ceux qui le côtoient. Il n'est d'ailleurs pas étonnant que les frères Coen aient apprécié le film, la loose étant au cœur de tous leurs films.
Mais cette violence impromptue rompt avec le ton distancié et humoristique présent jusque là. Et la violence culmine avec la fin, qui est ratée. Elle pourrait s'expliquer ainsi: en tuant son meilleur ami, Marlowe se tue lui-même, la lâcheté de son meilleur ami reflétant la sienne propre.
Il n'est pas étonnant que le Privé n'ait pas été un succès à sa sortie. Après un début prometteur avec le chat et les filles de l'immeuble d'en face, Altman s'est laissé aller à la facilité. Le film léger et brillant du début devient alors lourd et banal, s'abîmant dans la violence inhérente à la plupart des productions américaines de l'époque (et inhérentes aux actuelles aussi).
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Créée
le 11 juil. 2017
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