Le Prénom par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Les réunions de familles si elles débutent par des embrassades se terminent parfois par de furieuses empoignades. C'est ce qui va se produire chez Pierre et Elisabeth qui ont invité Vincent, le beau-frère, et sa compagne Anna ainsi que Claude, un vieux pote bien sympathique et fidèle. Anna étant retardée par ses occupations professionnelles, Vincent, futur papa, arrive en "éclaireur". Il est bien évident que ce petit "embryon" est le pôle d'attraction et de supputations de la soirée. Lorsque Vincent annonce fièrement le futur prénom de l'enfant, cela jette un trouble dans l'assistance car vraiment celui-ci est source à polémiques. Anna va enfin débarquer alors que "l'empoignade" est en train de gonfler tel un abcès qui ne demande qu'à percer. A ce petit jeu, les cinq "fêtards" vont être servis, le repas attendra...


Il est vrai qu'un prénom peut semer un certain trouble au sein d'une famille. Alors bien sûr pleuvent de multiples arguments d'un coté comme de l'autre. Là, Vincent et Anna ont franchement joué avec le feu et il est certain que le flot de raisons prononcées par le futur père ne fait qu'aviver la colère des participants à ce semblant de dîner de famille. L'arrivée tardive de Anna ne fait qu'aggraver les choses et dans ces moments de tension extrême les propos dépassent parfois les pensées et dérivent sur des vérités bien cachées jusqu'à présent. C'est alors que tel un ruisseau, les échanges musclés alimentent le filet d'eau pour finir par un fleuve de reproches mutuels. La vengeance, conclusion de cette réception, peut alors devenir un plat qui se mange froid...


Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte sont les heureux réalisateurs de la pièce à succès du même nom et décident de faire un coup de poker, ça c'est pour Patrick Bruel, en l'adaptant à l'écran. Et il faut bien l'avouer le pari est réussi car cette gabegie familiale n'engendre pas la monotonie. Au cours de cette pièce filmée avec beaucoup de talent, on est absorbé par cet atmosphère conflictuelle à tel point que ce dîner passe certainement beaucoup plus vite pour les spectateurs que les participants. Les dialogues sont adroitement dosés, ce qui nous vaut des réparties assez extraordinaires et des rebondissements pour le moins inattendus.
La cohésion et l'efficacité des répliques sont d'autant plus parfaites que ce sont les mêmes acteurs qui portent cette mémorable soirée à l'écran et franchement ils mettent beaucoup d'enthousiasme dans leurs rôles respectifs. A cet effet, je veux rendre hommage à l'excellente Valérie Benguigui dans le rôle d'Elisabeth, la maîtresse de maison exploitée par Pierre son époux, un normalien hâbleur, colérique et vindicatif fort bien incarné par Charles Berling. Patrick Bruel qui incarne Vincent, le beau frère à la réussite insolente, est aussi convaincant que Judith El Zein, Anna sa compagne qui sans le vouloir va pimenter un peu plus le débat orageux. Et puis, il y a Guillaume de Tonquédec qui interprète Claude, l'ami de la famille, tromboniste de métier, sympa, avisé et bien sage, paraissant toujours un peu en retrait dans ce tumulte.


En près de deux heures les plats soigneusement préparés par Elisabeth ont refroidi mais pas notre intérêt pour cette comédie bien assaisonnée , bien mitonnée par les deux réalisateurs. Ils nous prouvent par leur talent que le cinéma français peut de temps à autres nous servir une très bonne comédie à son menu. Alors ne vous privez pas, les histoires de familles ne manquent parfois pas de piment.

Grard-Rocher
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le 5 févr. 2016

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