Un début très abrupt de par un jeu d'acteurs très littéraire, peu vraisemblable. Mais on s'installe au bout de quelques minutes dans cette atmosphère qui place le spectateur hors de sa réalité. Ce jeu dénué de romantisme est très placide et le vide des relations sociales en est dévoilé. Les dialogues, les mots ont alors une place reine... pour conclure de leur propre inanité. La musique, elle, a ce pouvoir de communion des âmes.
La première partie nous présente deux mondes, deux couples, l'un littéraire, l'autre musical. Un disque les reliera, ou plutôt liera les deux amants maudits, Sarah et Pascal. Maudits par le temps car quand ils se reconnaissent, dans la deuxième partie, c'est déjà trop tard pour la nymphe Sarah, partie du réel pour fuir ses démons, son désespoir.
La marcescence de Sarah est la copie cinématographique du chant de Monteverdi, Il Lamento della ninfa , qu'elle enregistre : entourée de trois hommes qui l'aiment, une nymphe se lamente sur un amour éloigné.


Miserella Malheureuse


Fa che ritorni il mio Fais revenir mon


Amor com’ei pur fu, Amour comme il était,


O tu m’ancidi, ch’io Ou tue-moi, pour


Non mi tormenti più. Que je ne souffre plus.


La scène où se joue cette œuvre est sublime, emplie de regards pénétrants, d'une tension toute baroque qui élève celui qui regarde le temps de cette pause musicale. Il faut reconnaître l'habileté de la soprano ici, Claire Lefiliâtre, élégante sans trop de pathos.
Je regretterais un trop plein de personnages qui certes plante un décor théâtral, mais fait se perdre en détours à mon avis inutiles, ou trop longs, le film.
Enfin, une chose qui m'a intriguée tout le film : "les Délices Triomphantes" et son chef tyrannique à l'accent anglais sont-ils un gros clin d’œil aux Arts Florissants et William Christie ?

lemony
7
Écrit par

Créée

le 8 sept. 2019

Critique lue 952 fois

lemony

Écrit par

Critique lue 952 fois

D'autres avis sur Le Pont des Arts

Le Pont des Arts
stebbins
2

Paris en bouteille

Eugène Green utilise l'héritage du théâtre baroque en le transposant devant la caméra : le résultat est catastrophique, artificiel et d'une lourdeur relativement antipathique. La majeure partie du...

le 5 juil. 2015

4 j'aime

Le Pont des Arts
Roi_de_Coeur
8

Critique de Le Pont des Arts par Roi_de_Coeur

Mais quand va-t-on comprendre qu'une oeuvre audiovisuelle ne peut se passer d'une accroche ? Surtout quand il s'agit d'un film aussi austère. Il faut pouvoir captiver le spectateur dès les premières...

le 2 nov. 2012

3 j'aime

Le Pont des Arts
lemony
7

Miserella

Un début très abrupt de par un jeu d'acteurs très littéraire, peu vraisemblable. Mais on s'installe au bout de quelques minutes dans cette atmosphère qui place le spectateur hors de sa réalité. Ce...

le 8 sept. 2019

Du même critique

Le Fils de Saul
lemony
9

Happement

J'ai beau inspirer longuement, profondément, mon être persiste dans le néant, et le vide reste vide. Ce film, plutôt cette journée de 48 heures m'a épuisée, a enlevé la (flamme de) vie en moi, me...

le 24 août 2017

3 j'aime

Le Jeune Karl Marx
lemony
8

Germe

Trampoline des jeunes idées de Marx et Engels, on sort de la salle grandi et plein de fougue, sauf peut-être pour les plus renseignés ou sceptiques sur ce sujet. Le film est très didactique, dénouant...

le 7 oct. 2017

1 j'aime

Une vie violente
lemony
6

Une vie violente

Film extrêmement réaliste, mais hermétique, on se sent comme la jeune fille, spectateur neutre. Malgré un début prometteur (hormis la scène d'exposition parisienne, inutile), le milieu du film est...

le 27 août 2017

1 j'aime